Né à Amiens puis formé dans la capitale, Albert Roze façonne au cours de sa vie une profonde notoriété dans le domaine de la sculpture ainsi qu’une place de choix dans la politique artistique de Picardie. En tant qu’artiste il se plie aux différentes demandes et s’inscrit pleinement dans le cadre artistique de l’époque. L’avènement brutal de la Troisième République provoque un besoin de légitimer le pouvoir auprès du peuple. Les personnages historiques deviennent ainsi les médiateurs des ambitions du nouveau régime et de nombreux monuments aux grands hommes voient le jour. Albert Roze répond à cette demande et réalise quinze monuments publics en l’honneur d’hommes illustres. Sa notoriété l’amène également à produire de nombreux monuments funéraires dans la perspective du souvenir. Enfin, la Grande Guerre ayant profondément marqué la terre picarde et ses habitants, le sculpteur rend hommage aux nombreux soldats morts pour la France ainsi qu’aux familles des victimes. La « Statuomanie », les monuments funéraires ainsi que les monuments aux morts s’attachent à répondre de multiples manières à la peur de l’oubli. Si certains s’inscrivent dans un culte privé et une mémoire intime, d’autres semblent davantage conçus comme des lieux de mémoire collectifs et nationaux. Pourtant l’œuvre d’Albert Roze semble trahir une interaction entre ces différents monuments et paraît illustrer une confluence entre plusieurs types de mémoires.