Théophile Gautier, l'auteur du Capitaine Fracasse, d'Émaux et Camées ou encore de contes fantastiques, est aussi amateur de ballets. Ce sont ses comptes rendus pour la presse, faisant partie des plus lus et appréciés du XIXe siècle, qui l'introduisirent à l'Opéra. Il y rencontra Carlotta Grisi qui lui inspira le ballet Giselle, toujours dansé aujourd'hui. Il rédigea aussi les scénarios des ballets de La Péri, Pâquerette, Gemma, Yanko-le-bandit et Sacountalâ, aujourd'hui oubliés. Ce sont ces six « poèmes », comme il aimait les appeler, que nous étudierons. Ces livrets, qui à première lecture semblent différents les uns des autres, présentent aussi de nombreux points communs : des situations amoureuses qui se ressemblent, sur fond d'exotisme et de fantastique. La répétition de certains motifs créent, dans l'ensemble de ces scénarios, un microcosme que nous pourrions qualifier de « romantique ». Le genre du livret de ballet a ses spécificités propres : il faut qu'un texte verbal puisse être traduit en mouvements chorégraphiés. Nous questionnerons l'existence d'un microcosme « écrit pour des jambes romantiques » et nous étudierons le genre du livret illustré par ce poète, néophyte en matière de danse, contraire du faiseur, ou autre librettiste professionnel. Les livrets non représentés de Gautier, certains prêts à être acceptés par la direction de l'Opéra, d'autres justes esquissés, nous aideront à compléter notre hypothèse de lecture, ainsi que les chroniques de Gautier et de ses collègues sur les ballets portés à la scène chorégraphique qui nous apporteront un autre éclairage sur ce microcosme.