Problématique : l'anorexie mentale est une maladie très complexe caractérisée par un déni profond qui rend difficile son diagnostic et l’adhésion des patients à la prise en charge. Le médecin traitant a donc la responsabilité d’instaurer un lien médecin-patient efficace depuis le diagnostic et tout au long du suivi afin de permettre une prise en charge optimale. Question de recherche : quelle est l’expérience des patientes atteintes d’anorexie mentale dans la relation avec leur médecin traitant ? Méthode : l’enquête a été menée par entretiens individuels semi-dirigés auprès de vingt femmes recrutées au sein d’une clinique spécialisée. Ils ont été retranscris et soumis à une analyse qualitative inspirée de la méthode de théorisation ancrée. Résultat : le médecin traitant occupe une place centrale dans la prise en charge de l’anorexie mentale, les patients ayant envers lui des attentes relationnelles basées essentiellement sur l’écoute et le non-jugement. Une attitude passive du médecin, un manque d’investissement, des lacunes non reconnues et un manque de compréhension du trouble peuvent être délétères. Les patients acceptent volontiers les remises en question du médecin et reconnaissent la difficulté de prise en charge de leur maladie en ambulatoire, nécessitant le plus souvent un recours à la pluridisciplinarité. Les patients atteints d’anorexie mentale qui consultent leur médecin traitant sont en demande d’une aide, plus que d’une solution thérapeutique universelle. Les médecins généralistes ne sont généralement pas à l’aise dans le domaine des TCA mais tout médecin traitant est en capacité d’adopter une attitude neutre, d’écouter son patient, et de lui proposer un accompagnement adapté. Discussion : on pourrait approfondir la compréhension des mécanismes de l’alliance thérapeutique en s’intéressant aux déterminants de la motivation du médecin face à l’anorexie, et en améliorant la formation des généralistes autour de sa prise en charge.