Rationnel : le nombre de mineurs non accompagnés (MNA) accueillis sur le territoire français est en constante augmentation ces dernières années. Or, peu de données dans la littérature rapportent les infections et autres perturbations de leur bilan biologique observées lors de leur prise en charge initiale, qu’il s’agisse de cohortes françaises ou étrangères. Matériel et méthodes : il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique observationnelle évaluant les données épidémiologiques du dépistage des MNA suivis au Centre Hospitalier Intercommunal de Cornouaille (Quimper) entre 2017 et 2019, selon le protocole en vigueur au sein de notre établissement (bilan infectieux, bilan hématologique et biochimique, contrôle vaccinal). Résultats : deux cent quarante et un MNA dont l’âge médian était de 16 ans et 3 mois et le sexe ratio homme/femme de 79/1, ont été suivis sur une période moyenne de 3 mois. Ils provenaient majoritairement du continent africain (92%), et plus particulièrement d’Afrique subsaharienne (86%). Parmi les principales infections rapportées : la prévalence de l’hépatite B était de 55,2% (78% de guérison et 22% d’infection chronique) ; quatre MNA étaient atteints d’une tuberculose maladie et 82 d’une infection tuberculeuse latente, ayant conduit à l’instauration de 43 traitements ; une hyperéosinophilie relevée chez 9% des MNA a conduit au dépistage sérologique de la bilharziose pour 66% d’entre eux et au traitement des MNA infectés ; enfin, il n’a pas été observé d’infection à VHC ni à VIH dans notre population d’étude. Concernant les statuts vaccinaux : le taux d’immunisation du VZV était de 87% ; et 7,6% des MNA ayant reçu une dose de Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite-Coqueluche étaient insuffisamment immunisés, et ont dû poursuivre un schéma vaccinal complet. Conclusions : ces résultats sont bien corrélés aux études de cohorte européennes. Les recommandations de prise en charge initiale des MNA en France ont été récemment émises par l’HSCP en décembre 2019 et nécessitent une modification de notre plan de prise en charge, notamment avec l’ajout d’un dépistage parasitaire systématique ainsi que le complément d’analyses biologiques (β-hCG, férritinémie, CRP ou glycémie par exemple).