Filles de Louis XV et Marie Leszczynska, Mesdames de France connurent une existence singulière pour des princesses. Jamais mariées – à l'exception de l'aînée – elles vécurent à la cour et furent intégrées au cérémonial, où elles tinrent leur rang de Filles de France. Afin d'assurer leur service, Louis XV instaura en 1746 leur Maison, une structure de service destinée à constituer la société ancillaire de ses filles avant leur hypothétique mariage. Composée de domestiques aux attributions et origines sociales assez hétérogènes, le service de Mesdames s'étoffait et se diversifiait au fur et à mesure que leur présence à la cour devint pérenne. La Maison de Mesdames, à la fois composée d'un service individuel mais de quelques commensaux et revenus communs aux soeurs, est au carrefour entre la nécessité d'un service digne des filles du roi et le besoin de limiter les coûts de la Maison de ces princesses qui ne représentaient aucun intérêt politique. Un double héritage, le changement de règne et l'âge de Mesdames permirent à leur Maison d'évoluer, passant d'un service purement domestique à une structure aux attributions variées. Elle inclut désormais de nouvelles entités plus détachées de la Maison du Roi, la gestion des domaines privés de ces princesses, ainsi que l'organisation de leurs libéralités et patronage. La Maison de Mesdames offrit la possibilité à ces princesses restées « filles » de gagner une légère forme d'autonomie, et constitua autour d'elles un cercle de proches et d'obligés qui s'étendait bien au-delà des limites de la cour. S'intégrant dans le champ des court studies et de l'histoire des femmes, l'étude de la Maison de Mesdames amène à repenser la place des Maisons féminines au XVIIIe siècle et montre l'adaptation du système de cour, pourtant réputé rigide, à la situation atypique de Mesdames, pour en faire émerger un possible « modèle ».