Objets fondamentalement triviaux au sens où l’entend Yves Jeanneret, comme carrefours et sommes de cultures et d’idées, les séries se font de plus transnationales : elles transcendent les frontières et se comprennent à l’aune d’une culture mondiale. Cette caractéristique s’est affirmée au fil des ans, et est tout particulièrement vraie pour les séries américaines dont l’hégémonie sur les petits écrans du monde entier n’est plus à prouver. L’arrivée du web 2.0 et du streaming ont accentué cette tendance, et aujourd’hui les séries ne semblent plus limitées par la moindre frontière, tant géographique que créative.
Plus sombres, plus violentes, plus noires, les séries d'aujourd'hui osent davantage et s’éloignent de la bien-pensance qu’on a pu leur connaître à leurs débuts. Les anti-héros prennent de l’ampleur et rivalisent de défauts… jusqu’à prendre la forme la plus monstrueuse que l’on pourrait donner à un personnage : celle d’un tueur en série assoiffé de sang. Lorsque l’on voit le succès de tels personnages, qui émergent et conquièrent un public de plus en plus internationalisé, il est évident qu’une telle représentation est loin d’être innocente.
Ce mémoire cherchera à déterminer si le tueur en série est un nouveau monstre sacré du petit écran, ou s'il incarne les limites d’un transnationalisme qui a fait son temps, en s'intéressant à deux séries mettant en scène un tueur en série en tant que personnage principal et ayant marqué le paysage audiovisuel : Dexter (Showtime, 2006) et Hannibal (NBC, 2013).