Introduction : la prise en charge (PEC) actuelle des troubles neurocognitifs (TNC) du sujet âgé repose sur la conception biomédicale de la maladie d’Alzheimer (MA) représentant la cause majeure des TNC. Ce modèle est actuellement fragilisé par une remise en question des fondements neurobiologiques de la maladie et le déremboursement récent des traitements « anti-Alzheimer ». La communauté médicale est divisée sur le sujet, certains médecins jugeant inutiles de diagnostiquer l’étiologie exacte du TNC dans ce contexte.
Objectif : l’objectif de cette étude était de rendre compte de l’hétérogénéité des pratiques de PEC des TNC parmi les spécialistes et d’analyser comment ceux-ci justifiaient leurs pratiques. Également recherché : leur avis concernant le système biomédical et les moyens pour l’améliorer.
Méthode : une étude qualitative sur la base d’entretiens semi-dirigés a été menée. Les médecins interrogés étaient des spécialistes des TNC. Au total, 7 spécialistes exerçant en Île de France ont été interrogés de mars à avril 2019. Les entretiens ont été analysés selon la méthode de l’analyse phénoménologique interprétative.
Résultats : l’hétérogénéité des pratiques médicales des spécialistes de la PEC des TNC a été observée. Deux groupes ont pu être distingués. Un groupe composé de médecins partisans du modèle biomédical dont la démarche diagnostique visait à établir l’étiologie précise des TNC le plus tôt possible afin de mettre en place les thérapeutiques le plus précocement possible. Un autre dont la démarche diagnostique visait à certifier les TNC dès lors qu’ils retentissaient sur le quotidien du patient sans en caractériser le type étiologique. Les arguments sous-tendant la démarche étiologique reposaient essentiellement sur des données non démonstratives. Cette observation soulignait l’importance d’intégrer le patient et sa famille à la décision médicale. Tous les médecins interrogés reconnaissaient, qu’à l’heure actuelle, les mesures psycho-sociales étaient celles qui bénéficiaient le plus au patient, mais un seul proposait une réelle démarche d’accompagnement visant son bien être.
Conclusion : plus que la PEC globale actuellement recommandée, l’accompagnement permet de placer le patient et sa famille au cœur du processus de soins et aux personnels soignants de retrouver leur juste place.