Contexte : l’anémie est un problème fréquent en France. Elle est responsable d’une morbimortalité spécifique mais peut aussi le symptôme d’une pathologie sous-jacente. Le diagnostic et l’exploration des anémies sont réalisés de manière hétérogène avec de nombreux écarts aux recommandations en médecine générale. Objectif : notre étude a pour objectif de décrire les stratégies d’exploration des anémies en médecine générale pour objectiver les écarts aux recommandations mais surtout mieux en comprendre les raisons spécifiques. Méthode : étude rétrospective de 70 cas d’anémies inclus, chez 10 praticiens au total, par une analyse systématique des numérations prescrites avec comparaison des marqueurs biologiques prescrits en pratique courante à un gold standard construit à partir des recommandations actuelles. Résultats : des écarts importants aux recommandations sont mis en évidence avec 93.75% des cas d’anémies microcytaires et 100% des cas d’anémies non microcytaires qui ne sont pas explorées ou selon une stratégie différente de celle recommandée pour le profil de l’anémie. Discussion : il existe une forte contradiction entre les connaissances théoriques des praticiens et ce qu’ils font en pratique. Cela soutient un fort impact du contexte et de la complexité de la médecine générale avec une pratique en situation réelle difficilement modélisable. Conclusion : la sous-exploration et les écarts au gold standard induisent potentiellement une perte de chance qui devrait être objectivée par une nouvelle étude. Dans le cas où cela serait prouvé nous devrions repenser les stratégies de formation et de sensibilisation en prenant en compte la complexité des pratiques et plus seulement avec la proposition d’outils d’aide diagnostic décontextualisés.