Évaluation de la prévalence et des facteurs prédictifs de dénutrition au cours de la sclérodermie systémique : résultats d'une étude transversale d'une large cohorte française
Résumé
La sclérodermie systémique (ScS) pourrait être à l’origine d’une malnutrition, en lien avec une atteinte fréquente du tractus digestif. Cette étude a pour but d’évaluer la prévalence de la dénutrition dans la ScS et les associations entre état nutritionnel et caractéristiques cliniques de la maladie.
Matériels et méthode : l’ensemble des patients ayant reçu un diagnostic de ScS répondant aux critères ACR/EULAR, au sein du service de médecine interne de notre hôpital entre le 1er janvier 1985 et le 1er janvier 2019, ont été inclus. La dénutrition a été évaluée par les critères du PNDS 2017 ainsi que par le score « Malnutrition Universal Screening Tool » (MUST), la dénutrition sévère par les critères HAS 2007.
Résultats : cent vingt patients ont été inclus, d’âge moyen 64 ans (± 15) avec un sex-ratio F/H de 5/1. Soixante et onze patients (59,2 %) étaient dénutris et 30 (25 %) présentaient un critère de dénutrition sévère. Selon le score MUST, respectivement 41,7 %, 20 % et 38.3 % étaient à faible, modéré ou haut risque de dénutrition. La dénutrition était associée aux manifestations cardiaques (p < 0,01) et aux anticorps anti-Sm/RNP (p = 0.04). Un score MUST élevé était également associé aux manifestations cardiaques (p < 0.01). La dénutrition sévère était fortement corrélée aux anti-Sm/RNP (p < 0,01) et à une distance interincive < 35 mm (p = 0,02).
Conclusion : la dénutrition concerne plus d’un patient sur deux au cours de la ScS et est associée aux manifestations cardiaques. Une distance interincisive < 35 mm et les anticorps anti-Sm/RNP pourraient être utilisés comme facteurs prédictifs de dénutrition sévère.