Les sangsues sont des petits invertébrés hématophages qui sont utilisées en médecine en raison de leurs nombreuses propriétés, notamment anticoagulantes et anti-inflammatoires. Actuellement, l’hirudothérapie ou thérapie par la sangsue est principalement indiquée en cas de congestion veineuse, dans le cadre de la reconstruction par lambeau ou de la réimplantation d’un membre. Les Aeromonas sont des bactéries vivant en symbiose dans le tube digestif des sangsues, qui apportent des enzymes indispensables à la digestion du sang ingéré par l’annélide. Cependant, lors de la morsure de la sangsue, une infection cutanée à Aeromonas peut se produire, avec en conséquence, un risque important de rejet du lambeau. En 2018, un cas clinique d’infection à A. hydrophila β-lactamase à spectre étendu liée aux sangsues, provoquant une nécrose partielle de lambeau, a été à l’origine d’une réflexion sur le sujet. Nous avons alors effectué une étude rétrospective observationnelle de l’utilisation de l’hirudothérapie et de ses conséquences, au CHU d’Amiens-Picardie, sur une période de 9 ans (2010- 2018). Dans cette étude, 27% des patients ont été infectés par Aeromonas et un lien a été montré entre l’échec de la reconstruction par lambeau et l’infection à Aeromonas (p<0.006). Un des objectifs de ce travail de thèse est, également, de proposer des bonnes pratiques d’utilisation des sangsues (surveillance bactériologique de l’eau de conservation, décontamination externe) afin de réduire le risque infectieux lié à l’hirudothérapie et la résistance aux antibiotiques par le choix d’une antibioprophylaxie la mieux adaptée.