Dans sa célèbre étude Le fonti dell’Orlando Furioso, Pio Rajna disait : « In un libro d’argomento cavalleresco, il sesso gentile ha un diritto incontestabile di precedenza ». En se basant sur la citation du célèbre philologue, ce mémoire se propose d’étudier la question à la fois problématique et centrale de la place des femmes au sein du chef-d’œuvre de l’Arioste, le Roland Furieux. Si au 16e siècle, époque où les débats concernant le rôle des femmes au sein de la société, communément nommés « querelle des femmes » faisaient rage, le Roland Furieux en est l’un des exemples les plus frappants. En se basant sur les différentes voix, portées par le narrateur et par les personnages eux-même, nous avons souhaité souligner l’oscillation de la représentation des femmes au sein de l’œuvre. En passant des vulgaires stéréotypes misogynes à l’encensement des qualités artistiques des femmes jusqu’au questionnement sur le genre et la féminité, nous avons essayé de mettre en lumière l’ampleur et la diversité des portraits féminins que l’auteur dépeint. En choisissant de modeler ses personnages selon un modèle de pluralité, ce dernier témoigne d’une volonté de s’éloigner de l’icône féminin traditionnellement angélique. En ce sens, nous avons choisi de traiter la question de la représentation des femmes en rapport avec les changements sociétaux que le 16e siècle offrit à ces dernières, et selon le rapport dualistique entre les notions d’« ancien » et de « moderne ». Malgré le laps de temps entre la parution de l’œuvre et notre siècle, la question féminine est traitée par l’Arioste avec une modernité qui, encore aujourd’hui, ne cesse d’étonner le lecteur contemporain.