De leur accès à l’éligibilité en 1944 aux années 1970, les femmes ayant eu une carrière politique sont rares. De 1965 à 1975, vingt femmes ont siégé à l’Assemblée nationale. Parmi elles se trouvaient Hélène Constans, Marie-Madeleine Dienesch, Anne-Marie Fritsch, Suzanne Ploux ou encore Jacqueline Thome-Patenôtre. Au cours de cette décennie centrale pour l’adoption de réformes en faveur des femmes, il convient de regarder comment ces quelques députées ont donné de leur voix pour défendre ou rejeter des réformes qui pourraient les concerner. Car si quelques travaux ont pu être menés sur des débats parlementaires de cette période, c’est surtout les mots des collègues masculins de ces élues qui furent conservés. Bien que minoritaires (2% de l’hémicycle), ont-elles pu faire entendre leurs positionnements ? La parole d’une députée pouvait-elle être entendue dans une France où les femmes n’étaient que faiblement représentées sur la scène politique ? À travers l’étude de réformes s’étalant sur trois présidences de la République et des bouleversements sociologiques et générationnels allant de la réforme des régimes matrimoniaux au divorce en passant par les discussions parlementaires concernant la contraception, l’IVG où l’égalité salariale entre femmes et hommes, nous pourront observer si les élues ont fait preuve d’une solidarité de genre, d’une parole distincte des autres députés ou si elles se sont conformées aux idéaux masculins des années gaullistes, c’est-à-dire d’une femme qui ne se démarque pas.