La lombalgie non spécifique est un diagnostic clinique dont la forme aiguë est de bon pronostic, cependant la forme chronique est un problème majeur de santé publique. Il existe nombre important de récurrences, jusqu’à 84%, et 3 à 15% des cas se chronicisent. Cette prévalence est en augmentation. Les effets de la douleur sont amplifiés par des stratégies adaptatives d’évitement tels la peur du mouvement, kinésiophobie, et le catastrophisme. La peur liée à la douleur est puissamment prédictive d’incapacité. Les recommandations commencent à intégrer des aspects de prévention tels la détection précoce des facteurs psychosociaux associés à la chronicisation. L’objectif de ce travail fut de décrire la prévalence de la kinésiophobie et du catastrophisme dans une population lombalgique. Une étude observationnelle descriptive a été conduite en maison médicale, avec remise d’auto-questionnaires composites à des patients consultants pour lombalgie non spécifique. Nous avons évalué l’état de santé par l’EQ-5D, le catastrophisme par le PCS-cf et la kinésiophobie, via le TSK-11. Sur 84 patients inclus, 59 réponses ont été analysées. 25% avaient un score de catastrophisme positif. 40% présentent une kinésiophobie significative. 46% scorent positif à l’un ou l’autre des tests. 20% scorent positifs aux deux tests. Nous avons trouvé une corrélation significative entre le niveau de santé déclaré et le score PCS (Corrélation = -0.354 p = 0,006, test de Spearman) ainsi que pour le score TSK (Corrélation = -0.369 p = 0,004, test de Spearman). Les prévalences de la kinésiophobie et du catastrophisme sont importantes : 46% des patients interrogés présentent au moins l’un des deux facteurs de risque recherchés, 20% scorent positifs aux deux tests. Étant donné ces résultats, la stratégie thérapeutique d’évaluation simultanée des paramètres physiques et psychologiques et l’utilisation de méthodes prédictives semble plus utile et pertinente que l’approche par étape. Même face aux difficultés du travail interdisciplinaire, l’amélioration du service rendu au patient est immédiate, ses perspectives autant que ses peurs peuvent être abordées de façon plus efficiente et permettre une meilleure alliance thérapeutique dès l’évaluation initiale.