Introduction : le vieillissement de la population a soulevé un problème de santé publique avec l’augmentation de la iatrogénie médicamenteuse. Les antiagrégants plaquettaires représentent la sixième classe médicamenteuse la plus vendue en pharmacie et le nombre de sujets âgés sous antiagrégant plaquettaire ne cesse de croître avec les risques d’effets indésirables. Objectifs : l’objectif principal de notre travail était d’étudier et d’analyser les prescriptions d’antiagrégants plaquettaires chez des patients de 70 ans et plus afin d’identifier les patients en situation d’underuse (patients avec une indication d’antiagrégation plaquettaire mais sans prescription), d’overuse (patients sans indication d’antiagrégation plaquettaire ou avec une contre-indication aux antiagrégants plaquettaires mais pour lesquels de l’Aspirine ou du Clopidogrel sont prescrits) et de misuse (patients avec une prescription d’antiagrégants plaquettaires non adaptée en termes de posologie et/ou de molécules utilisées). L’objectif secondaire était d’observer les propositions de modifications thérapeutiques concernant les antiagrégants plaquettaires qui ont pu être réalisées à l’issue de l’évaluation gériatrique en Hôpital de Jour. Matériels et méthodes : il s’agissait d’une étude quantitative, prospective, monocentrique basée sur une cohorte de patients âgés de 70 ans et plus adressés pour une évaluation gériatrique en ambulatoire, à l’Hôpital de Jour Gériatrique et Onco Gériatrique de l’Hôpital Sainte-Marguerite à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille. Les antécédents médicaux, les critères gériatriques, les données biologiques et les ordonnances de chaque patient ont été étudiés. Le recoupement des données issues des recommandations de la HAS, de l’ESC et de l’ACC avec la présence ou non d’une contre-indication aux antiagrégants plaquettaires et la présence ou non de critères STOPP et START a permis d’établir une liste de patients en underuse, overuse et misuse. Résultats : 121 patients ont été inclus. Trente-neuf patients (32,2%) bénéficiaient d’une antiagrégation plaquettaire, 8 patients (6,5%) sans indication, 6 patients (5%) en prévention primaire et 25 patients (20,7%) en prévention secondaire. Dans la population étudiée, 29% des patients âgés évalués présentaient un mésusage dans l’utilisation des antiagrégants plaquettaires en prévention primaire et/ou secondaire dont une majorité de ces patients en situation d’overuse (17%). La polymédication, les antécédents d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs et de coronaropathies sont les seules différences significatives entre la population sans et avec anti agrégation plaquettaire. Conclusion : aucun paramètre gériatrique n’a été associé à la prescription ou non prescription des antiagrégants plaquettaires dans cette étude du fait de manque de puissance. Seulement 17% des patients en situation de mésusage des médicaments ont bénéficié de recommandations de la part de l’équipe de Gériatrie, impliquant une amélioration des structures gériatriques ambulatoires dans ce domaine. L’impact de la médecine générale sur le suivi des sujets âgés sous antiagrégant plaquettaire est majeur dans la prévention de la iatrogénie et une clarification des recommandations sur l’utilisation des antiagrégants plaquettaires chez les patients âgés, en tenant compte des spécificités gériatriques, semble nécessaire.