La restauration précoce du flux coronaire est l’objectif principal de la prise en charge du syndrome coronarien aigu avec sus décalage du segment ST (SCA ST+). En parallèle du traitement pharmacologique administré en pré hospitalier, l’angioplastie primaire est actuellement le traitement de référence à la phase aigüe. Dans les études à notre disposition, dont une seule réalisée depuis l’avènement des nouveaux inhibiteurs du P2Y12, une reperfusion coronaire complète avant tout geste endovasculaire est observée chez 15 à 30% des patients. De nombreuses études ont montré que cette dernière constitue un facteur de bon pronostic indépendant, cependant aucune d’entre elles n’a été réalisée avec l’utilisation des nouvelles molécules anti thrombotiques. Objectifs : déterminer l’incidence des patients se présentant pour un SCA ST+ avec reperfusion coronaire spontanée à l’arrivée en salle de coronarographie à l’ère des nouvelles stratégies anti thrombotiques (objectif principal). Définir les caractéristiques des patients qui présentent une reperfusion coronaire spontanée et déterminer l’impact de cette dernière sur le pronostic intra-hospitalier puis à un an (objectifs secondaires). Matériel et méthodes : étude monocentrique, prospective incluant tous les patients admis pour SCA ST+ en salle de coronarographie au CHU de Montpellier du 1er juin au 1er novembre 2020. Le critère de jugement principal était la constatation d’un flux TIMI 3 lors de la coronarographie réalisée en urgence. Résultats : 158 patients ont été inclus. Parmi eux, 32 (20,3%) présentaient une reperfusion coronaire complète à l’arrivée en salle de coronarographie. Les délais de revascularisation étaient identiques dans les deux groupes (TIMI 0-2 VS TIMI 3 à l’admission). Les pics de troponine et de CK étaient significativement plus bas dans le groupe TIMI 3 (p<0,001). Les patients du groupe TIMI 3 présentaient moins d’insuffisance cardiaque (p=0,37) et aucun d’entre eux n’a présenté de choc cardiogénique (p=0,35). Deux fois moins de décès ont eu lieu durant l’hospitalisation dans le groupe TIMI 3 (p=0,46). La durée médiane de suivi était de 12 mois. La mortalité à un an était comparable dans les deux groupes (p=1,00). Conclusion : l’incidence de la reperfusion coronaire spontanée de 20% dans notre étude est stable par rapport aux données plus anciennes, malgré l’avènement de nouvelles molécules anti-thrombotiques. Aucun facteur prédictif de reperfusion spontanée n’a été mis en avant dans cette étude notamment l’utilisation du ticagrélor comparé au clopidogrel. Ce paramètre apparait comme un facteur pronostique intra hospitalier à délai de reperfusion identique. En revanche à un an, aucune différence pronostique entre les deux groupes n’a été mise en évidence. Un suivi à plus long terme et l’inclusion d’un plus grand nombre de patients sont envisagés.