Introduction : la maltraitance médicale ordinaire (MO) est « l’ensemble des violences, abus ou négligences commis par les professionnels envers les usagers », de façon « quotidienne et banalisée ». Médiatisée, elle est peu explorée, notamment dans le domaine gynécologique. Objectif : l’objectif principal était d’explorer et de mettre en miroir la perception de situations de maltraitance ordinaire chez les soignants et les non-soignants. L’objectif secondaire était d’évaluer dans quelle mesure le vécu des individus non-soignants pouvait impacter leur perception des situations. Parmi les soignants, l’impact de leur spécialité médicale sur leur perception était également exploré. Matériel et méthodes : étude qualitative, par théorisation ancrée, basée sur 32 entretiens individuels semi-dirigés, élaborés autour de 5 vignettes de bandes-dessinées. Résultats : les mécanismes et enjeux généraux de la MO étaient décrits de façon comparable dans les 2 groupes principaux. La plupart des situations de MO étaient reconnues et critiquées dans les 2 groupes, tant sur le plan émotionnel que cognitif. Les soignants, plus spécifiquement, présentaient des justifications et explications à cette MO. La plupart en niaient l’existence au sein de leur propre pratique, et doutaient de son existence réelle. Chez les non-soignants, les pistes d’amélioration centrées sur la patiente et sa prise d’autonomie étaient nombreuses. Le vécu personnel d’une situation de MO chez les non-soignants et l’exercice de la profession de sage-femme induisaient une identification plus nette du caractère maltraitant des situations présentées. Conclusion : chez les soignants, la reconnaissance de la MO au sein d’une situation fictive coexiste avec une non-reconnaissance dans leur propre pratique. Les vignettes de bandes-dessinées, outil utile et ludique, pourraient intervenir en première étape dans la prise de conscience du phénomène chez les soignants. Elles semblent également utiles aux non-soignantes dans un objectif de prise d’autonomie.