War of Maniguières. Social and environmental history of the Palavasian lagoon in the 18th century
La Guerre des Maniguières. Histoire sociale et environnementale de la lagune palavasienne au XVIIIe siècle
Résumé
In the palavasian lagoon, an unstable ecosystem between land and sea, subject to storms, tides and floods of the watersheds, one can still find in the 18th century strange constructions of tamarisk wood and reeds, a kind of accordion-shaped dam that crosses and divides the ponds into several enclosures. These are the Maniguières, fixed fisheries adapted to the particular environment of the Palavas lagoon, of which traces can be found until the late Middle Ages.
This work attempts to reconstruct the economic and social world that governs the costly exploitation of these constructions; as well as the conflicts that oppose the fishermen on board to the private appropriation of the lagoon by investors. The lagoon is then in a phase of confinement: the graus close and the bottom of the pond rises strongly. This lagoon, rich in mineral, animal and plant resources, is transforming very rapidly, until it completely disrupts the ecological and social system that it shelters.
It is in this context that the Royal State intervenes, in full mercantilist policy: the Palavasian lagoon is a privileged axis of trade between the recent Canal du Midi and the Rhone. The construction of the Canal du Rhône à Cette should maintain commercial navigation on the lagoons. This construction requires the destruction of numerous maniguières which block the passage of the ships. The States of Languedoc, in charge of the construction, came into conflict with the owners of the fisheries. In 1739, the maniguières controversy between the syndic of the States of Languedoc and the representative of the owners, the Bishop of Montpellier, raised many environmental questions: from the nature of the ponds to the property rights of a lagoon, including the question of the commons and the prioritization of a commercial use over other economic uses on which the locals depend.
La "Guerre des Maniguières" questions the relationships of domination in the world of fisheries, through ecological and environmental, political and economic issues. It attempts to make an interdisciplinary analysis of an anthroposystem, of the passage from a feudal regime of commons to a regime of private property and appropriation of waters by the state. The history of the maniguières is at the crossroads of a technical, economic and social, scientific, legal, political and environmental history.
Dans la lagune palavasienne, écosystème instable entre terre et mer, subissant les tempêtes, les marées et les crues des bassins versants ; on trouve encore au XVIIIe siècle d’étranges constructions de bois de tamaris et de roseaux, sortes de barrages en forme d’accordéon qui traversent et divisent les étangs en plusieurs enclos. Ce sont les maniguières, des pêcheries fixes adaptées à l’environnement si particulier de la lagune palavasienne, dont on retrouve la trace jusqu’au Bas Moyen-Age.
Ce travail tente de reconstituer le monde économique et social qui régit l’exploitation coûteuse de ces constructions ; ainsi que les conflits qui opposent les pêcheurs embarqués à l’appropriation privée de la lagune par des investisseurs. La lagune est alors dans une phase de confinement : les graus se ferment et le fond de l’étang se rehausse fortement. Cette lagune riche en ressources tant minérales, qu’animales et végétales, se transforme très rapidement, jusqu’à bouleverser complètement le système écologique et social, qu’elle abrite.
C’est dans ce contexte que l’État Royal intervient, en pleine politique mercantiliste : la lagune palavasienne est un axe privilégié du commerce entre le récent Canal du Midi et le Rhône. La construction du Canal du Rhône à Cette doit maintenir la navigation commerciale sur les étangs. Cette construction nécessite la destruction de nombreuses maniguières qui bloquent le passage des navires. Les États de Languedoc, chargés de la construction, entrent en conflit avec les propriétaires des pêcheries. En 1739, la controverse des maniguières entre le syndic des États de Languedoc et le représentant des propriétaires, l’Évêque de Montpellier, soulève de nombreuses interrogations environnementales : de la nature des étangs aux droits de propriété d’une lagune, en passant par la question des communs et la priorisation d’un usage commercial sur les autres usages économiques dont dépendent les locaux.
La « Guerre des Maniguières » interroge les rapports de domination dans le monde des pêcheries, au travers de problématiques écologiques et environnementales, politiques et économiques. Il tente de faire l’analyse interdisciplinaire d’un anthroposystème, du passage d’un régime féodal de communs à un régime de propriété privée face et d’appropriation des eaux par l’État. L’histoire des maniguières est au carrefour d’une histoire technique, économique et sociale, scientifique, juridique, politique et environnementale.
Domaines
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