Approches andragogiques en contexte de formation adulte créolophone : la cas des apprenants à faible niveau de qualification. - DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance Accéder directement au contenu
Mémoires Année : 2019

Approches andragogiques en contexte de formation adulte créolophone : la cas des apprenants à faible niveau de qualification.

Résumé

J’ai écrit ce mémoire sur le thème "Approches andragogiques en contexte de formation adulte créolophone", parce que je suis impliqué en tant que praticien et producteur de connaissances liées à l’action dans la formation pour adultes de faible niveau de qualification en milieu créolophone, conscient de mes rapports sociaux à eux, dans le but d’améliorer mon efficience personnelle, d’apporter ma contribution au champ de la formation sous l’angle interculturel et au système de formation dans les départements d’outre-mer. Mais, j’avais également un intérêt personnel et identitaire à chercher à vérifier par mon histoire, et celui de mon peuple ce décalage qui existe entre la formation classique pour adultes et celle à travers l’andragogie, à saisir l’échec scolaire et l’échec dans ces formations, en l’abordant par la réussite. Car, au-delà du clivage entre andragogie et pédagogie, je voulais voir dans la réussite que j’ai expérimentée avec ces apprenants ce qui pouvait relever le processus d’interaction formateur/apprenants, parce que j’avais un peu cette idée préconçue, que c’est justement la mise en cause de facteurs isolés, le système, la pédagogie, etc. Alors, à l’origine de la genèse de cette recherche, je me suis posé les questions suivantes : — Peut-on faire mieux dans nos interventions en termes humain, éthique et démocratique ? — Quel est le sens de cette nouvelle conduite sociale ? — Qu’est-ce qui devient pour l’apprenant une motivation à apprendre ? — Qu’est-ce qui met en place ce changement d’attitude ? J’ai donc étudié le processus de transformation, l’apprentissage en mouvement, le bien-être, les attentes de l’apprenant, la réconciliation de l’autorité formative socialisante et formatrice, recherché une stratégie réaliste naturaliste et fonctionnelle de formation médiatisée par la situation et non par la parole ou par son outil et enfin l’articulation de la formation au territoire dans l’intervention andragogique auprès des bas niveaux de qualification de 18 à 55 ans. Et là, j’ai pu : - Montrer que les dispositifs de formation et de professionnalisation identifiés en Martinique sont inadaptés aux descendants d’esclaves affranchis du fait qu’ils sont psychologiquement traumatisés, marqués structurellement par les relations violentes subites socialement par leurs aïeux jusqu’à "se sentir l’objet de l’autre comme du temps de l’esclavage" (François-Haugrin Annick) ; - expliquer les conduites de résistances et l’abandon de formation observé dans les contextes d’apprentissage ; - déterminer "pourquoi le taux d’abandon en cours de parcours des apprenants Martiniquais en milieu créolophone diminue-t-il significativement lorsque l’intervenant utilise une approche andragogique centrée sur les spécificités culturelles et les connaissances professionnelles et personnelles de ces derniers ?" Et vérifier "en quoi l’outil biographisation adossé à la langue maternelle en complément de la langue seconde entraîne un meilleur investissement du Martiniquais de bas niveau de qualification". (Précisons que ce qui a été dit est valable également pour les autres départements et territoires d’outre-mer) Alors, le cadre théorique est axé sur le statut des apprenants, les enjeux identitaires ; habitus (attitudes) ; le mode de comportement en formation ; la stratégie, la "médiation sociale", l’interaction sociale entre apprenants et formateurs, les actions interpersonnelles, l’environnement social en formation, où ce dernier est constitué des travaux d’Antoine de La Garanderie et Philippe Meirieu (Paris, 1985) "le sujet apprenant apprend avec son histoire", car "l’intervention pédagogique se construit, se pense dans l’intérêt du formé avec son histoire en partant de ce qu’il sait et de ce qu’il est" cela pour diminuer les freins exogènes à l’apprentissage qu’on lui propose ; de Reuven Feuerstein "toute personne est capable, tout au long de sa vie, de changements dans ses procédures intellectuelles", "pour que celui-ci se produise, il faut qu’il y ait une médiation spécifique", "il faut permettre à la personne apprenante de faire face de manière autonome à ce qu’on lui apprend" (2006) ; de Malcolm Shepherd Knowles et Carl Rogers, "Il faut impliquer l’apprenant dans la planification et l'évaluation de son apprentissage en utilisant ce qu’il fait dans sa vie personnelle ou professionnelle", en étant dans une écoute bienveillante (Paris 1973) pour "qu’il se sente reconnu et compris, pour gagner sa confiance dans la relation afin de résoudre les problèmes qu’il rencontre" (Paris : Dunod,1989) ; ainsi que des recherches de Watzlawick, Jean-Jacques Schaller "le formateur a pour positionnement un enrichissement mutuel interactif entre lui et l’apprenant dans un rapport à ce dernier égalitaire et démocratique" (1969/1972) ; de Delory-Momberger "le parcours de vie et l’apprentissage biographique en formation favorise la création de nouvelles interactions cognitives émotionnelles", "installe la formation que suit l’apprenant dans une dimension sociale en lien avec sa région, étant donné que «l’avenir ne peut s’édifier que sur des processus de construction de soi qui exigent une reconnaissance de la personne, de ses environnements et de ses inscriptions". J’ai fait ce choix de méthodologie comparative et classique/andragogique m’appuyant sur : - des observations centrées sur les apprenants adultes de l’UPM ayant expérimenté les deux approches d’enseignement (classique et transférentielle) où je compare les relations existantes entre ces deux modèles à travers l’analyse des données en dégageant les éléments de ressemblances ou de différences ; - des grilles sur leur portrait dans leur projet socioprofessionnel de formation, où je croise des approches d’analyse des rapports d’enquêtes, des questionnaires, des interviews semi-directives. Ainsi, les résultats font apparaître que le public caribéen est porteur de caractéristiques sociohistoriques rendant plus aigus et sensibles ses conditions d’apprentissage au regard du besoin de reconnaissance de son identité ethnique, linguistique, culturelle, régionale et la notion de verticalité apprenant/enseignant. J’ai pu trouver une nouvelle piste explicative. Soit, que l’approche transversale (biographisation adossée à la langue maternelle) est une alternative pour faire l’apprenant dépasser ce syndrome psycho traumatique historique, changer ses représentations, l’ancrer dans son projet de formation. En effet, je peux dire que ce support associé à une démarche et une médiation spécifique entraîne un meilleur investissement de la formation en milieu caribéen comparativement aux approches pédagogiques classiques. Et donc, ma conclusion en tant que praticien-chercheur est que l’andragogie adossée à la langue maternelle par sa double dimension expérientielle et identitaire est une valeur ajoutée. Car la littérature et l’enquête le valident : il faut approfondir ce couplage, l’intégrer dans le processus de formation, faire attention au climat dans le cours, aux interactions, et rester bienveillant à l’égard de l’apprenant. Cette démarche ethnographique permet à ce dernier de définir son identité inscrite dans le contexte de son histoire.
Fichier principal
Vignette du fichier
Chery_memoire.pdf (1.67 Mo) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

dumas-03582945 , version 1 (21-02-2022)

Identifiants

  • HAL Id : dumas-03582945 , version 1

Citer

Romuald Chery. Approches andragogiques en contexte de formation adulte créolophone : la cas des apprenants à faible niveau de qualification.. Sciences de l'Homme et Société. 2019. ⟨dumas-03582945⟩
87 Consultations
595 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More