Start-up, rap et imaginaires de l’entrepreneuriat : vers un discours entrepreneurial pop-génique, adapté aux codes de la culture populaire ? Analyse croisée du discours de la marque Koudetat et du rappeur Booba
Abstract
L’entrepreneuriat désigne une pratique professionnelle et une réalité économique qui sont mises en récit et personnifiées par le discours libertarien des entrepreneurs de la Silicon Valley à la fin des années 1980. Un mythe entrepreneurial éclot. C’est un mythe performatif qui appelle à l’action et qui incite à la destruction de l’ensemble des freins économiques, politiques et psychologiques qui empêchent les individus de devenir entrepreneur.
Après l’État, l’individu est le dernier frein à la liberté d’entreprendre. Or, les prescripteurs de l’entrepreneuriat en France, à travers l’utilisation de ce mythe, s’attachent à détruire les barrières internes qui empêchent à l’individu de devenir entrepreneur. Cela passe par une légitimation de l’individualité, et un changement de paradigme de l’économie entrepreneuriale. L’entreprise ne se dissocie plus de l’individu, qui devient sa propre entreprise : il est un entrepreneur de lui-même, capable d’optimiser ses ressources pour s’émanciper et s’élever socialement. La légitimation de cette posture s’effectue à travers un discours naturalisant, qui affirme que chacun, parce qu’il est un homo entrepreneurius, possède en lui la faculté d’entreprendre, car chacun est doté d’un libre-arbitre.
Les rappeurs français incorporent dans leur expression musicale des motifs du mythe entrepreneurial. En particulier, ils incitent leur public à adopter une attitude et une posture proche de la figure de l’entrepreneur. L’existence de motifs et d’éléments de discours issus du mythe entrepreneurial, et leur circulation à travers la culture populaire, montre qu’un nouveau champ d’expression du mythe entrepreneurial émerge. C’est un discours pop-génique : adapté aux codes de la culture populaire, détourné par les usagers et récupéré par des marques qui trouvent un intérêt économique et communicationnel à l’utilisation de ses imaginaires.
Après l’État, l’individu est le dernier frein à la liberté d’entreprendre. Or, les prescripteurs de l’entrepreneuriat en France, à travers l’utilisation de ce mythe, s’attachent à détruire les barrières internes qui empêchent à l’individu de devenir entrepreneur. Cela passe par une légitimation de l’individualité, et un changement de paradigme de l’économie entrepreneuriale. L’entreprise ne se dissocie plus de l’individu, qui devient sa propre entreprise : il est un entrepreneur de lui-même, capable d’optimiser ses ressources pour s’émanciper et s’élever socialement. La légitimation de cette posture s’effectue à travers un discours naturalisant, qui affirme que chacun, parce qu’il est un homo entrepreneurius, possède en lui la faculté d’entreprendre, car chacun est doté d’un libre-arbitre.
Les rappeurs français incorporent dans leur expression musicale des motifs du mythe entrepreneurial. En particulier, ils incitent leur public à adopter une attitude et une posture proche de la figure de l’entrepreneur. L’existence de motifs et d’éléments de discours issus du mythe entrepreneurial, et leur circulation à travers la culture populaire, montre qu’un nouveau champ d’expression du mythe entrepreneurial émerge. C’est un discours pop-génique : adapté aux codes de la culture populaire, détourné par les usagers et récupéré par des marques qui trouvent un intérêt économique et communicationnel à l’utilisation de ses imaginaires.