Néphropathie à Hantavirus : premier cas Auvergnat autochtone
Résumé
INTRODUCTION : les Hantaviroses sont des zoonoses transmises à l’homme lors d’un contact avec son hôte naturel, le campagnol roussâtre, par inhalation d’un aérosolat de virus présent dans les excrétas des rongeurs. Une fois contaminé, l’Homme peut développer une fièvre hémorragique avec syndrome rénal ou un syndrome cardio-pulmonaire. C’est une maladie rare, ayant pour prodrome commun un banal syndrome pseudo-grippal.
OBSERVATION CLINIQUE : un patient de 43 ans, exploitant forestier, était admis le 02 août 2019 aux SAU du CH de Moulins-Yzeure pour un syndrome pseudo-grippal associé à une myopie floue transitoire. L’évolution était marquée par une hépato-néphrite fébrile d’évolution favorable. Un large bilan immunologique et infectieux permettait d’identifier à postériori une hantavirose et d’isoler l’agent responsable, l’Hantavirus puumala (PUUV). Il s’agissait donc de la description plutôt typique d’un cas de néphropathie à Hantavirus ou néphropathie épidémique, réalisant toutefois la première observation auvergnate autochtone validée.
DISCUSSION : la néphropathie à Hantavirus est une pathologie rare, endémique du quart Nord-Est de la France, dont moins d’une centaine de cas sont rapportés chaque année. Elle doit être évoquée en période épidémique devant tout syndrome pseudo-grippal, surtout s’il associe à un tableau d’hépato-néphrite, de troubles de l’accommodation et fréquemment une discrète thrombopénie. L’atteinte rénale réalise une néphrite interstitielle aiguë avec une insuffisance rénale aiguë d’intensité variable, d’évolution favorable habituellement sans séquelles. Son principal diagnostic différentiel infectieux reste la leptospirose dont elle partage la fenêtre épidémique, mais également certaines infections bactériennes (pyélonéphrite, angiocholite ,..), virales (CMV, EBV, arbovirose,….). Une affection inflammatoire reste toujours possible (vascularites, connectivités,…).
CONCLUSION : à ce jour jamais rapportée en Auvergne, dans l’Allier en particulier, ce premier cas autochtone de néphropathie à Hantavirus impose désormais de l’évoquer systématiquement en période épidémique, de mai à septembre. Sa fréquence, variable selon les régions de France et l’hétérogénéité de l’expression phénotypique, pourraient s’expliquer par un polymorphisme des séquences des différentes souches de PUUV qui présentent selon les régions des signatures en acides aminés bien différentes. Il faut y ajouter bien sûr la taille des populations des rongeurs, les conditions environnementales qui président à la survie du virus en dehors de l’hôte et peut-être la sensibilité (génétique ?) des individus potentiellement exposés. Le concept de « One Health », réunissant l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), exprime bien cette volonté de collaboration des médecins, vétérinaires et agronomes dans le contexte de réchauffement climatique, de pollution et d’émergence de nouveaux pathogènes. C’est un projet ambitieux qui devra prendre en compte la santé humaine, la santé animale et la « santé » environnementale.
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