Introduction : la vaccination antigrippale (AG) constitue un enjeu important dans les armées, afin de préserver la capacité opérationnelle du contingent. Elle est règlementaire chez tous les militaires tous les trois ans ou annuellement avant un départ en mission, chez les professionnels de santé et les sujets à risque. Objectifs : l’objectif principal de cette étude était d’évaluer les pratiques professionnelles des médecins généralistes militaires français à propos de la vaccination antigrippale (AG). Les objectifs secondaires étaient d’identifier les freins et leviers à la vaccination et d’estimer la couverture vaccinale des médecins des forces. Matériel et méthode : cette étude multicentrique interrogeait l’ensemble des médecins militaires généralistes (hors opérations extérieures) à l’aide d’un auto-questionnaire du mois de juin à septembre 2021. Les données recueillies étaient des données socioprofessionnelles et démographiques, le statut vaccinal, l’opinion sur la vaccination, l’état des connaissances concernant la grippe et son vaccin, la perception du risque (vaccin/maladie), les pratiques vaccinales, la confiance envers les sources d’informations. Les résultats étaient exprimés sous forme de moyennes avec écart-types. Des régressions simples et multivariées étaient ensuite réalisées afin d’étudier l’association de certains facteurs avec les pratiques vaccinales. Résultats : au cours de l’étude, 292 questionnaires sur les 700 médecins militaires des forces engagés ont été recueillis et analysés (taux de réponse de 52%). Les médecins militaires français ont une excellente couverture vaccinale et adhérent à la vaccination AG (95% de vaccination annuelle et 73% d’adhésion). Les principaux freins à la vaccination identifiés sont le manque de connaissances spécifiques (composition du vaccin, effets indésirables, contre-indications, balance bénéfice-risque du vaccin, perception du risque et de la maladie), les problèmes logistiques (approvisionnement, articulation des campagnes vaccinales) et enfin une acceptation et une mise en œuvre imparfaites de la stratégie vaccinale dans les armées (en particulier la vaccination triennale). Conclusion : notre travail nous a permis de décrire exhaustivement les pratiques, les connaissances et d’estimer la couverture vaccinale des médecins militaires français, acteurs singuliers et centraux du processus décisionnel vaccinal. Les axes d’amélioration identifiés sont l’amélioration des connaissances spécifiques, l’optimisation des aspects logistiques et la réévaluation de la stratégie vaccinale antigrippale dans les armées.