Introduction : La prise en soin des patients migrants soulève de nombreux questionnements et les difficultés rencontrées par les médecins généralistes ont déjà fait l'objet de différents travaux de recherche. Peu d'études s'intéressent, à l'inverse, aux expériences d'accès aux soins des migrants à leur arrivée en France et notamment à leur premier contact avec un médecin généraliste de ville. Objectif : recueillir les expériences de soins et le vécu par les patients migrants de leur première consultation chez un médecin généraliste en France. Méthode : étude qualitative par entretiens semi-dirigés auprès de migrants adultes en situation de précarité, francophones ou non, ayant consulté pour la première fois un médecin généraliste de ville en 2019 ou après. Approche par analyse interprétative phénoménologique. Résultats : 13 entretiens ont été réalisés entre février 2021 et janvier 2022. La suffisance des données a été atteinte. La perte des repères puis la nécessité de prendre leurs marques à leur arrivée en France sont des thèmes centraux du récit des patients migrants, qui sont essentiels à prendre en compte. La barrière de la langue pose un réel problème dans l'accès aux soins des personnes allophones. Les intervenants sociaux sont leurs interlocuteurs privilégiés et ont un rôle facilitateur, quand comprendre le fonctionnement du système de santé est difficile. Après un parcours spécifique semé d'obstacles qui contribue à l'aggravation de leur état de santé, la satisfaction des patients migrants envers le médecin généraliste est liée à sa capacité d'écoute et à sa reconnaissance de leur plainte lors de leur première consultation, qui est vue comme un espace d'expression et dont le déroulement impacte la relation de soin à long terme. Conclusion : Cette étude permet de mieux comprendre les enjeux de la première consultation des patients migrants chez un médecin généraliste en France. Les attentes des patients migrants sont similaires à celles des patients français. Instaurer une bonne compréhension mutuelle est primordial et l'extension du recours à l'interprétariat professionnel peut y contribuer. Les inégalités sociales et territoriales d'accès aux soins restent un problème majeur, qui peut être amélioré en collaborant davantage avec les intervenants sociaux.