Introduction : Les patients immunodéprimés sont à risque d'infections virales sévères. Cependant, les données sur le devenir des patients immunodéprimés atteints de grippe et nécessitant une prise en charge en réanimation sont limitées. Méthodes : Nous avons mené une étude observationnelle monocentrique. Tous les patients admis en réanimation pour une pneumonie grippale entre 2016 et 2020 ont été inclus. L'objectif principal était de comparer les caractéristiques cliniques et le devenir des patients atteints de grippe en fonction de leur statut immunitaire. Résultats : 137 patients (âgés de 60 ans, 58,4 % d'hommes) ont été inclus, dont 58 (42,34 %) ont été intubés. 43 (31,4 %) patients étaient immunodéprimés. Les patients immunodéprimés étaient plus âgés et plus comorbides. Les scores de sévérité et l'hypoxémie à l'admission, de même que le support ventilatoire lors du séjour étaient similaires entre les 2 groupes. Il n'y avait aucune différence dans le taux de co-infection et de pneumonie acquises sous ventilation entre les 2 groupes. Parmi les patients intubés, 10 (58,3 %) immunodéprimés ont développé un SDRA sévère contre 13 (32,5 %) non immunodéprimés (p = 0,02). La mortalité en réanimation était de 13,97 %, avec une mortalité 3 fois supérieure chez les patients immunodéprimés (25,58 % contre 8,6 %, p = 0,015). En analyse multivariée, le statut immunodéprimé, un âge plus élevé et un ratio PaO2/FiO2 plus faible étaient associés à une augmentation de la mortalité. Conclusion : Les patients immunodéprimés atteints de pneumonie grippale sévère étaient plus susceptibles de développer un SDRA sévère et avaient une mortalité 3 fois supérieure aux patients non immunodéprimés. Cette différence n’était pas expliquée par un taux accru de co-infections/pneumonies nosocomiales, suggérant que le virus de la grippe était à lui seul responsable d'une forme plus grave chez les patients immunodéprimés.