La participation des sans voix : l'expérience buissonnière comme fabrique de citoyenneté ? L'exemple du Parlons-en de Grenoble
Résumé
Dans le cadre de la participation institutionnalisée ou d’initiative citoyenne, de nombreux dispositifs sont à l’œuvre depuis leur apparition dans les années quatre-vingt. Cependant, les « sans voix » et les « invisibles » qui manquent le plus d’une écoute et d’une prise en compte, continuent d’être à l’écart de cette de participation citoyenne, ils prennent en effet rarement leur place dans les débats publics et les dispositifs participatifs. Si les espaces participatifs citoyens sont théoriquement ouverts à tous, ils profitent généralement aux personnes les mieux dotées socialement, ce qui n’est pas sans conforter l’idée d’une société de l’entre-soi. L’exclusion étant une conséquence de la prédominance de l’entre soi, pour évoluer, il devient impératif que la société se dote d’espaces d’altérité dans lesquels les plus fragiles puissent se reconnaître et être reconnus. C’est sur ces questions que s’est créé en 2009 à Grenoble le Parlons-en. Espace de participation non institutionnel, le Parlons-en est une rencontre mensuelle, un espace de paroles, d’échanges et de débats ouvert à tous, traitant des questions de la grande précarité, porté, organisé, et animé par les premiers concernés, les grands précaires eux-mêmes. Espace participatif buissonnier, en parallèle des formes les plus institutionnalisées, le Parlons-en propose, entre autres, que ceux qui n’ont habituellement pas la parole la prennent pour que leurs voix résonnent dans le débat public, et de réfléchir avec une autre logique que celle de la réponse individuelle à des demandes et des besoins de bénéficiaires. Il s’agit également de changer les regards portés sur les habitants de la rue et de révéler toute la violence qu’ils subissent. Les sujets abordés au Parlons-en sont nombreux et hétéroclites. Accès au logement, à la santé, à l’alimentation, non-recours aux droits et à la parole, conséquences de la vie à la rue, mourir à la rue…Autant de questions à l’origine de projets ou actions déterminantes permettant de sortir de l’alternative « Parlons-en ou cause toujours ? ».
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