Après l'état de l'art et une réflexion sur la méthodologie, l’analyse de trois films, propose des pistes de recherches sur le comportement des Français durant l’occupation allemande, par le prisme de la ruralité. Les récits des trois films choisis, ont pour cadre les campagnes françaises : Un ami viendra ce soir de R. Bernard, Le silence de la mer de J.-P. Melville et La ligne de démarcation de C. Chabrol. La mémoire entend explorer l’évolution des représentations cinématographiques des campagnes en France de 1940 à 1944. Le travail de recherche s’efforce de comprendre quelle mémoire de la ruralité est véhiculée à travers le cinéma français. Il s’interroge sur les usages que le cinéma fait de son passé. Au terme de l’étude, on peut retenir quelques éléments de réflexion. Ainsi, les fictions analysées contribuent à une mise « en légende du passé » par une représentation très héroïque de la Résistance et des Résistants. Dans la mouvance d’une partie de l’historiographie résistante des lendemains de la Libération, la Résistance est perçue à travers des personnalités emblématiques des mouvements. L’esprit de dévotion transparait également à travers l’hommage aux morts dans une quasi mystique. L’usage que le cinéma fait de son passé ici, est sans doute, de servir la mémoire gaulliste. Les excès se résument à l’image d’une Résistance unie et unitaire. Au-delà du légendaire, les trois fictions ne représentent pas le mythe résistancialiste d’une France unanimement résistante et amnésique qui est censé supplanter les représentations jusqu'au milieu des années 1970. À la faveur de la ruralité, « l’esprit de Résistance » semble prévaloir. Les persécutions sont dénoncées, l’image de Pétain écornée, la collaboration conspuée et la lâcheté affichée. La bonne réception des films auprès du public tend à montrer que les Français sont réceptifs à ce discours qui ne présente pourtant pas que la face glorieuse de leur passé.