Introduction : Le scorbut, pathologie secondaire à une carence profonde et prolongée en vitamine C, est souvent considérée comme rare en occident. Les signes cliniques évocateurs de cette maladie sont variés, à l'image des multiples rôles de l'acide ascorbique dans le fonctionnement de l'organisme. Plusieurs études ont récemment mis en lumière le bénéfice potentiel de cette molécule dans la prise en charge curative ou préventive de certaines affections fréquentes. À travers ce travail, nous décrirons l'histoire de patients concernés par cette carence au sein de la population générale, afin d'en détailler les principales caractéristiques. Matériel et méthode : Cette étude consiste en une série de cas. Le recueil de données a eu lieu au cours de consultations de médecine générale. Il était proposé aux patients ayant des signes cliniques évocateurs de scorbut et des apports en vitamine C estimés inférieurs à 10 mg par jour, d'effectuer un dosage de l'ascorbémie. Un suivi était également proposé au cours et à l'issue de la supplémentation. Résultats : Les signes cliniques observés chez les trente patients carencés (ascorbémie < 14 µmol/L) vus au cours de l'étude étaient variables, polymorphes et multifactoriels : édentation, asthénie, hyperkératose péri-folliculaire, myalgies, arthralgies, hématomes sous-cutanés, œdèmes des membres inférieurs, rectorragies, gingivorragies… La plupart des patients concernés présentaient des facteurs de risques cardiovasculaires et socio-professionnels associés, tels que décrits par de nombreux auteurs. Cependant, contrairement à certaines croyances, nos patients n'étaient pas tous en situation de grande précarité. Conclusion : La carence en vitamine C et le scorbut ne semblent pas rares en population générale française de nos jours. L'évaluation des apports alimentaires, l'examen clinique et l'évolution des symptômes sous traitement sont les paramètres clés à prendre compte afin d'étudier l'intérêt potentiel de la vitamine C dans la prise en charge de certains patients.