Introduction : Les personnes non hétérosexuelles ont des spécificités de santé en termes de dépistages des IST et de vaccination. L'homophobie et les discriminations sociétales les rendent plus à risque de souffrances psychologiques et d'addictions. Afin de proposer une prise en charge adaptée, il est important pour le médecin généraliste de connaître l'orientation sexuelle du patient. L'objectif principal de ce travail était de recueillir le vécu et les attentes des personnes non hétérosexuelles dans la manière d'aborder leur orientation sexuelle avec le médecin généraliste. Matériel et méthodes : Il s'agissait d'une étude qualitative par entretiens individuels semi-dirigés. Le recrutement a été effectué via des associations LGBT+, un groupe Facebook LGBT+, par effet boule de neige et par le bouche à oreille. Les critères d'inclusion étaient de se considérer non-hétérosexuel et d'être majeur. Un consentement oral et écrit a été recueilli pour chaque entretien. Un double codage a été réalisé permettant une triangulation des données. Résultats : 12 entretiens ont été réalisés de juillet 2021 à mai 2022. Les expériences rapportées par les participants ont montré que le médecin abordait peu l'orientation sexuelle. Certains participants l'abordaient d'eux-mêmes pour ne pas créer de gêne, d'autres pour bénéficier de dépistages adaptés. Plusieurs ont éprouvé des difficultés psychologiques sans avoir la possibilité d'en parler à leur médecin. Les principaux freins évoqués à la relation patient/médecin étaient le manque d'ouverture d'esprit, la gêne du médecin et le sentiment de ne pas être écouté. Les participants souhaitaient que le médecin aborde le sujet de l'orientation sexuelle par des questions ouvertes non hétéronormées en utilisant des expressions non genrées. Un des rôles attendus du médecin était de proposer un accompagnement psychologique en adoptant une posture d'écoute, principalement à l'adolescence et au moment du coming-out. Ils attendaient également que le médecin soit formé aux spécificités de santé de la personne non hétérosexuelle. Conclusion : Notre étude a mis en évidence l'importance d'aborder l'orientation sexuelle en consultation de manière ouverte en évitant tout hétérosexisme. Pour prendre soin de tous les patients dans leur globalité, il est aussi important de considérer l'identité et l'expression de genre des personnes.