En posant un regard attentif sur la présence de la mer dans certains films de Jean-François Laguionie, cette recherche part du constat que l'élément naturel dépasse sa représentation : il est un rythme, une forme, une substance, une puissance narrative, une méthode, et au-delà. Il déploie les images et constitue leur matériau, de telle sorte que se dessine une forme de cinéma indissociable de la mer. De ce constat naît un double questionnement : d'abord, quel regard sur le monde nous offre un cinéma porté par la mer ? La constitution d'un environnement filmique fluide met en avant un certain type de présence au monde incarné par les personnages, qui remet en cause des normes anthropocentrées terrestres et invite à un mode d'existence autre. Aussi, dans quelle mesure le cinéma d'animation est-il un médium qui appelle à l'expérimentation d'un tel mode d'existence ? L'animation, art où la création des formes est régie par la plasmaticité, est le médium privilégié d'un cinéma de la mer. C'est que ce médium semble porter en lui les fondements d'une pensée écologique qui appelle à remodeler les relations entre le vivant humain et le vivant non-humain.