Évolution de l'harmonie vocalique sur /O/ en français depuis 1940
Résumé
En français, l’harmonie vocalique était traditionnellement décrite comme un processus optionnel, hautement variable et limité à un registre courant. Or, les études empiriques modernes ont trouvé que, sur le plan synchronique, celle-ci était plus présente en parole formelle, par rapport à une parole spontanée. Le présent travail s’est proposé d’étudier l’évolution de l’HV en français depuis 1940. Appréhendée en termes de modifications de la hauteur de F1 d’une V1 ∈{o, ɔ} en fonction de l’aperture de la voyelle tonique présente dans la syllabe adjacente, l’HV a été quantifiée dans un corpus d’archives radiophoniques INA couvrant la période de 1940 à 1997. Le degré d’HV s’est révélée sensible à la place d’articulation de la consonne séparant V1 et V2 (la plus forte résistance de l’HV aux palatales, ensuite, respectivement labiales > vélaires > dentales > uvulaire /ʁ/). En outre, les résultats ont montré une HV plus importante quand V1 et V2 étaient séparées par un cluster consonantique sous-jacent vs. résultant de la chute d’un schwa non prononcé. L’HV s’est révélée également interagir avec le facteur orthographique, c’est-à-dire la présence de la graphie <ô, aô, au, eau> (grosseur vs. fausseur). L’analyse incluant le facteur diachronique a indiqué que l’HV était, d’une part, systématiquement présente en français depuis les années 1940 et, d’autre part, les données suggèrent que depuis, elle a connu une décroissance progressive. L’apparition d’HV en français, puis son obsolescence, actuellement en cours, sont discutées en termes d’hypo- et hyper-correction.
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