Le survêtement Lacoste -en tant qu’objet marchand- est le terrain d’un processus d’appropriation des signes bourgeois de la part des classes dominées. Véritable outil de lutte des classes et uniforme porté au quotidien, ce vêtement est devenu un signifiant majeur d’une sous-culture spécifiquement française : la sous-culture de la rue.
Néanmoins, afin de lutter contre l’utilisation faite du survêtement Lacoste par les classes dominées et d’affirmer sa position dans la hiérarchie des goûts, la marque s’est éloignée de tout ce qui la rattache à l’infraordinaire de ses consommateurs -quels qu’ils soient- pour se rapprocher de l’extraordinaire de la mode de luxe.
C’est ainsi que la marque constitue un agglomérat de signes bourgeois, qui auront pour fonction d’envelopper les signifiants sous-culturels du survêtement Lacoste. Peu à peu ce signifiant majeur de la sous-culture de la rue s’est distordu pour passer de l’uniforme d’une lutte à un déguisement. La création d’un déguisement de la « racaille » par les classes dominantes, signifiée par la stéréotypisation du survêtement Lacoste, témoigne de l’altération carnavalesque de cette sous-culture.
La création de ce simulacre révèle alors le caractère éphémère des objets — approprié, désignifié, abandonné — dont la mystification par les sous-cultures permet la pérennisation d’une lutte des signes, sans fin.