Les « momfluenceuses » : une médiatisation de la maternité dans les séries dites de « docu-réalité » et sur Instagram - DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance Accéder directement au contenu
Mémoires Année : 2022

Les « momfluenceuses » : une médiatisation de la maternité dans les séries dites de « docu-réalité » et sur Instagram

Résumé

En mai 2017, le concept de matrescence ou processus de naissance d’une mère est redécouvert par la psychiatre américaine Alexandra Sacks. Quelques mois plus tard, en octobre 2017, l’affaire Weinstein éclate aux États-Unis avec dans son sillage le mouvement #MeToo, tel un cataclysme sociomédiatique d’envergure mondiale. Ces deux événements offrent une tribune renouvelée à la parole des femmes et des mères. Les militantismes féministes bénéficient d’un nouvel élan qui éveille les consciences à grande échelle et permet d’interroger le statut et le rôle assignés aux femmes comme aux mères au sein de la société.
Une tendance médiatique émerge ainsi en parallèle dans le paysage audiovisuel français dès 2018 avec la diffusion à la télévision et sur les plateformes d’une myriade de séries dites de « docu-réalité », format d’un genre hybride nouveau, sur la parentalité, mais aussi de contenus familiaux partagés et de communautés maternelles fondées sur les réseaux socionumériques dont Instagram, sans oublier les nombreux podcasts dédiés. Cette synergie crée et entretient un vif engouement édifié autour de la figure de la mère et du quotidien familial.
Les multiples rencontres opérées entre médias, féminisme et maternité mènent à une acculturation des médias à la figuration de cette dernière et à un formatage de la chronologie des étapes. À travers l’angle de la parentalité et la représentation du quotidien, la télévision édifie tout un écosystème de contenus fondé sur l’établissement du foyer suivant l’« escalator de relation » et elle fait du « faire famille » un enjeu clé pour fédérer en créant une culture commune autour de son offre. La prévalence transmédiatique du thème maternel accouche du phénomène « momfluent » lié à l’essor du web social et du marketing d’influence selon une logique de prescription dépublicitarisée.
Pour permettre la spectacularisation du journalier, les médias utilisent leur médiativité et recourent à divers paradoxes qui actualisent le potentiel médiagénique du récit entre privé et public, proximité et distance, authentique et factice ainsi qu’ordinaire et extraordinaire ou anonymat et célébrité.
Une dualité présente dans la figure même de la mère qui s’incarne entre force et douceur, puissance procréatrice et vulnérabilité de sa mue identitaire. Le stéréotype maternel se renouvelle en partie entre perfection et imperfection pour donner naissance à la maternité correcte entre divertissement et engagement au service de l’avénement de la « mère-marque » et de la « famille-label » descendantes du « candidat-produit » de télé-réalité. La mise en scène et en récit de la fonction maternelle constitue une source de valeur nouvelle qui transforme la « momfluence » en « momfluentrepreneuriat ». Ainsi, la maternité devient une double performance mais aussi une profession.
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Citer

Justine Gallien. Les « momfluenceuses » : une médiatisation de la maternité dans les séries dites de « docu-réalité » et sur Instagram. Sciences de l'information et de la communication. 2022. ⟨dumas-04018108⟩
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