Ce travail fait état de l’étude de plusieurs pratiques alimentaires observées à Samara, en Russie. Avec l’organisation de la Coupe du Monde de Football sur place en 2018, il a semblé que ces pratiques, orientées autour de la bière locale – la Jigouliovskoe – ou d’autres produits directement associés à celle-ci, tels le poisson séché ou l’écrevisse, étaient valorisées comme une spécificité locale. En interrogeant ces produits et ces pratiques, nous voulions étudier dans quelle mesure ils pouvaient constituer un patrimoine. Une enquête de terrain, menée sur place en 2021, nous a permis d’identifier trois pratiques alimentaires principales : le pique-nique, le partage de la bière et la collation sur les berges du fleuve. À défaut d’être toutes directement liées à la bière, ces pratiques se sont révélées centrées autour de la Volga. Nous posons ainsi comme point de départ l’idée d’un patrimoine alimentaire pluriel, lié à un imaginaire collectif où la nature, le fleuve plus particulièrement, occupe une place centrale. En nous penchant sur les pratiques culinaires locales, nous dressons une première esquisse de ce qui pourrait constituer un « système » culinaire associé à Samara. Nous cherchons également à comprendre pourquoi les deux slogans associés à cette ville, celui d’une ville de villégiature, et d’une capitale de l’hédonisme de la Volga, s’ils peuvent, en théorie, inclure des dimensions culinaires, ne le font pas de façon formelle.