Introduction : les cancers bucco-pharyngo-laryngés et leurs traitements entraînent fréquemment une dysphagie. Le manque de continuité thérapeutique, la dénutrition, l’alimentation et l’absence de plaisir altèrent aussi la qualité de vie des patients. Nos objectifs étaient d’élaborer un programme d’éducation thérapeutique pour ces patients, visant à améliorer les troubles consécutifs au cancer, puis d’évaluer les effets de ce programme sur les aspects nutritionnels, hédoniques et psychosociaux. Matériels et méthodes : notre population était composée de sept patients. Nous avons créé un programme, composé d’un accompagnement mensuel et d’un livret de recettes, adaptées selon l’IDDSI et axées sur l’hédonisme alimentaire. Les patients ont été évalués en début et fin d’étude, avec la pesée, l’IMC et le CHI, et un suivi mensuel a été réalisé via des entretiens téléphoniques pendant l’étude. Les données quantitatives ont été analysées avec un test comparatif de Student ; les données qualitatives avec une analyse textuelle de corpus descriptive et comparative. Résultats : l’analyse statistique révèle une amélioration significative du score du CHI (p < 0.001) des patients, mais pas du poids et de l’IMC (p > 0.05). L’analyse des discours montre une évolution du bien-être, avec une amélioration de la qualité de vie grâce au suivi, une alimentation plaisante et les repas avec l’entourage. Discussion et conclusions : les résultats obtenus concordent avec nos hypothèses. Le plaisir apporté par l’alimentation permet d’améliorer la déglutition, la qualité de vie, et lutter contre la dénutrition. La stigmatisation sociale est estompée. Notre étude présente quelques limites (conception, population, biais du CHI), mais offre diverses perspectives (téléorthophonie pour l’accessibilité aux soins, applicabilité du programme). Elle contribue à l’évolution des pratiques professionnelles. Notre outil est novateur dans le champ de la dysphagie post cancérologie ORL.