Objectifs : l’épidémiologie du cancer de prostate a varié du fait de la généralisation du dosage du PSA avec une augmentation des cancers considérés cliniquement indolents et de ce fait une augmentation du risque de sur-traitement. Notre étude vise à décrire les résultats oncologiques à long terme d’une cohorte de patients atteints d’un cancer de la prostate et placés en surveillance active selon les critères SURACAP. Méthodes : nous avons réalisé une étude rétrospective multicentrique incluant les patients suivis selon le protocole SURACAP et évaluant de manière rétrospective la durée de survie sans traitement, la survie globale et spécifique, les causes de sortie de surveillance active, les facteurs prédictifs de traitement et de reclassification de grade et les résultats anatomopathologiques des pièces de prostatectomie. Résultats : entre 2007 et 2013, 86 patients ont été inclus avec un âge médian de 64 ans. Le suivi médian est de 10 ans. La survie globale à 10 ans est de 94,3% (89-99,9). La survie spécifique est estimée à 90,9% (75,4-100) à 15 ans. Le taux de patient en poursuite de surveillance active est de 37,4% à 10 ans. Une biopsie de réévaluation négative est un facteur protecteur de traitement définitif et de reclassification en grade plus élevé (HR 0,26 IC 95% 0,12-0,54). Une dPSA > 0,15 ng/ml/ml est un facteur de risque de traitement définitif (HR 2,11 IC 95% 1,07-4,19). L’indication d’arrêt de surveillance s’est faite majoritairement sur les résultats de biopsies : apparition de grade 4 (25%) et une augmentation du volume tumoral (18%). Sur les 36 pièces de prostatectomies, 31% des patients avaient un résultat anatomopathologique défavorable (ISUP≥3 ou ≥pT3 ou pN1). Conclusion : la surveillance active s’est imposée comme le traitement de première intention pour les patients de faible risque d’Amico et comme une option thérapeutique pour les patients de risque intermédiaire favorable. Nous avons montré que le protocole SURACAP assure une sécurité oncologique à long terme certaine avec un suivi médian de 10 ans mais que ses critères stricts peuvent entrainer une diminution des patients éligibles à cette prise en charge et entrainer un taux de traitement radical plus important que nécessaire.