L'objet de ce mémoire vise à répondre à la problématique : comment un collectif citoyen, à savoir le collectif Solidarité Alimentaire, se saisit du projet de sécurité sociale de l'alimentation, projet complexe à vocation politique, et le transforme en action collective au niveau local ? La grille de lecture proposée par la sociologie de la traduction et la théorie de l'acteur-réseau développées par Michel Callon, Madeleine Akrich et Bruno Latour dans les années 1980 permet de mettre en lumière les opérations de traduction successives opérées par le Collectif Solidarité Alimentaire depuis sa création en 2020 en réponse à une précarité alimentaire et aux critiques émises envers l'aide alimentaire classique. Certains membres du collectif ont joué le rôle d'acteurs-centraux favorisant la mise en place d'initiatives successives en vue de permettre l'accès à tous à une alimentation de qualité, et en particulier pour les personnes en situation de précarité que ces acteurs côtoient. Les opérations successives de traduction se sont accompagnées de l'apparition de points de tensions appelant le collectif à faire un certain nombre de compromis pour les dépasser et même progresser jusqu'à constituer les bases d'une caisse sociale de l'alimentation devenue le point de convergence des initiatives. Les actions de maraîchage à partir de fin 2022 ont joué un rôle transformateur de la dynamique en favorisant la participation des personnes en situation de précarité. Mais surtout, le maraîchage a permis la traduction du projet de sécurité sociale de l'alimentation en action locale tout en conservant son caractère politique. Au-delà de l'accessibilité à une alimentation de qualité, le projet de caisse à placer dans l'arène politique et publique les enjeux de démocratie participative et de démocratie alimentaire, face à un contexte politique qui tend au contraire à réduire les dépenses publiques et de protection sociale.