Ce mémoire revisite la genèse et le déploiement graduel de la diplomatie environnementale à partir de la Conférence de Stockholm. Cet événement est venu concrétiser le « frémissement écologique » d’une partie des sociétés occidentales et scandinaves à la fin des années 60. Il semble que la Suède ait joué un rôle décisif dans ce processus en mobilisant sa diplomatie et sa recherche pour convaincre l’ONU et un grand nombre d’États réfractaires de la nécessité d’une coopération environnementale. Il faut dire qu’en 1972, ce sont plutôt la Guerre froide et sa surenchère nucléaire qui sont vues comme les menaces les plus pressantes pour l’humanité. Dans ce contexte, les représentants suédois élaborent une méthode à la confluence de la démarche scientifique et diplomatique pour construire un intérêt mondial autour de l’environnement. On ouvre également les portes de l’ONU à de nouveaux acteurs non étatiques comme les ONG, qui démontrent rapidement toute leur « science » de la mise en scène et de la dramatisation des défis environnementaux. Le schéma suédois sera repris et amplifié dans tous les rendez-vous suivants. La filiation s’étend jusqu’aux COP climat comme celle de Paris ou Glasgow qui rythment l’actualité politique internationale. Mais, au-delà de cette empreinte durable, on ne peut que constater les fragilités de la régulation et de la gouvernance mondiale de l’environnement. On observe de puissantes inerties dans le monde politique et économique. La forte croissance institutionnelle (ministères, agences de surveillance) des décennies passées n’a pas vraiment renforcé l’application des normes environnementales ou les efforts de réorientation des économies mondiales. Cette recherche vise ainsi à éclairer la singularité de la diplomatie environnementale, particulièrement flexible et diffuse, pour comprendre la lenteur de la transition écologique à travers le monde. Je propose également plusieurs détours par la réalité française pour montrer comment cette « révolution écologique » est envisagée et les limites conceptuelles auxquelles on continue de se heurter.