L’intérêt pour l’histoire des femmes et les gender studies ont permis, ces dernières années, de porter un regard neuf sur l’évolution de leur représentation à travers les âges. Le Moyen Age, constitue à cet égard un terrain privilégié pour observer le changement progressif de leur statut. Cette étude porte sur un personnage biblique mis en lumière par l’imaginaire médiéval : Judith, héroïne juive de l’Ancien Testament qui s’infiltre dans le camp du général assyrien Holopherne, pour l’assassiner. Cette personnalité oscille entre vertu et péché, entre courage et dissimulation. La fin du Moyen Age n’ayant été que peu abordée jusqu’à présent, notre choix s’est porté sur l’art enluminé du royaume de France au XIVe siècle. Cette période correspond à l’âge d’or de la production enluminée de la Bible Historiale, l’un des ouvrages majeurs de la littérature biblique à la fin du Moyen Age. Cette traduction remaniée du texte sacré en langue française a été rédigée entre 1292 et 1297 par Guyart des Moulins dans le comté d’Artois, et comporte une riche illustration. Si les miniatures de la Bible Historiale offrent une vision d’ensemble des représentations de Judith au XIVe siècle, nous avons fait le choix de placer un autre manuscrit au centre de notre mémoire. Il s’agit des Histoires tirées de l’Ancien Testament, dont il n’existe qu’une copie, conservée sous la cote ms. Fr. 1753 a la Bibliothèque Nationale de France. Il comporte en effet le cycle de Judith le plus développé de cette époque, avec quatorze miniatures dont certaines présentent des scènes inédites.