Les correspondants locaux de presse, les journalistes fantômes de la presse régionale - DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance Accéder directement au contenu
Mémoires Année : 2023

Les correspondants locaux de presse, les journalistes fantômes de la presse régionale

Résumé

Les correspondants locaux de presse rédigent jusqu’à 80% des articles dans certains titres de presse quotidienne régionale. Si la plupart de leurs interlocuteurs locaux les considèrent comme des journalistes, ils ne sont, en réalité, même pas salariés des titres pour lesquels ils travaillent. Travailleurs indépendants, ils ne possèdent ni carte de presse, ni protection sociale et sont payés au rabais, encadrés par un statut créé il y a 36 ans et rapidement devenu obsolète, alors que le paysage médiatique est en constante évolution. En proie à un défi économique majeur, les entreprises de presse cherchent constamment à réduire leur coût, notamment en ayant recours à des pigistes ou, dans le cas de la presse régionale et locale, à des correspondants locaux de presse. Les exigences des rédactions envers les CLP ont ainsi été revues à la hausse : on leur demande aujourd’hui de fournir des articles anglés, illustrés, au même titre que des journalistes professionnels. Indispensables aux entreprises de presse, les CLP sont les fantômes. Ce mémoire s’attache à questionner le statut des correspondants de presse. En quoi peut-on dire que les correspondants locaux de presse sont victimes d’une forme d’ubérisation du journalisme induite par les médias ? De nos questionnements, plusieurs hypothèses ont été formulées : • La frontière entre correspondant local de presse et journaliste est de plus en plus mince. • Si les groupes de presse comptent autant sur les correspondants, c’est parce qu’ils leur permettent de remplir les pages locales des journaux et de faire des économies de manière durable, puisqu’ils sont sous-payés, peu considérés et condamnés à rester amateurs du fait de leur statut. • Le recours aux CLP est parfois abusif, dépasse le cadre de la loi dans certains cas, et nous pouvons même parler d’une forme d’ubérisation du journalisme. • Sous le terme CLP se cachent des profils très divers liés par la précarité évidente de leur statut. Face à la professionnalisation de leur activité, les CLP estiment avoir le droit à plus de reconnaissance et de considération de la part des journaux. À l’issue de la stratégie de recherche menée constituée d’une étude quantitative (questionnaire, étude de cas) et qualitative (entretiens) ainsi que de recherches scientifiques et documentaires, nous constatons que ces hypothèses se vérifient dans les faits et sur le terrain. Nous pouvons en effet dire que les correspondants locaux de presse sont victimes d’une forme d’ubérisation du journalisme. L’ubérisation, d’après le Larousse, correspond à une « remise en cause du modèle économique d'une entreprise ou d'un secteur d'activité par l'arrivée d'un nouvel acteur proposant les mêmes services à des prix moindres, effectués par des indépendants plutôt que des salariés, le plus souvent via des plateformes de réservation sur Internet. » L’activité des correspondants locaux coïncide avec cette définition. Bien que souvent passionnés par cette activité, les CLP se rendent compte de l’injustice de leur situation. C’est la raison pour laquelle des collectifs et syndicats de journaliste se mobilisent pour tenter de faire changer les choses, malgré une faible marge de manœuvre.
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Dates et versions

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Identifiants

  • HAL Id : dumas-04350253 , version 1

Citer

Marion Riaux. Les correspondants locaux de presse, les journalistes fantômes de la presse régionale. Sciences de l'information et de la communication. 2023. ⟨dumas-04350253⟩
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