Prendre la modernité par les cheveux : les sens et les fonctions socio-politiques de la coiffure en Corée, de la fin du XIX<sup>e</sup> au milieu du XX<sup>e</sup> siècle - DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance Accéder directement au contenu
Mémoires Année : 2023

Prendre la modernité par les cheveux : les sens et les fonctions socio-politiques de la coiffure en Corée, de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle

Résumé

In premodern Korea, hairstyles were of great ritual and social importance. Hair served as a boundary between civilization and barbarism and helped to maintain the Chosŏn (1392-1897) Confucian social order. In this context, men, women and children were required to keep their hair long and tied up. During the second half of the 19th century, these practices came in contact with western hair norms. The transformation of hairstyles then followed the processes of scientific, economic and state rationalization, all of which are inherent to modernity. In 1895, the reformist government issued the haircutting decree which ordered all Korean men to cut their topknots. This decree was met with great resistance and ignited violent conflicts. The reformist discourse promoted short hair based on hygiene, modernity and social-Darwinism while the conservative discourse defended the topknot based on Confucian morals. In the beginning of the 20th century, hairstyles were still being debated and haircutting measures were enacted. During the colonization of Korea (1910-1945), Japanese authorities enforced a strict hair discipline, most notably in the colonial school system. Various men’s hairstyles at that time, such as the high collar hairstyle or the shaved head, contributed to the formation of modern masculine identities. Women’s short hair, which became fashionable in the 1920s and 1930s generated heated debates about femininity. Hairstyles in modern Korea were the target of the exercise of power but also contributed to redefining identities.
Dans la Corée prémoderne, les coiffures ont une grande importance rituelle et sociale. Elles servent à définir la frontière entre civilisation et barbarie et participent au maintien de l’ordre social confucéen du Chosŏn (1392-1897). Dans ce contexte, les hommes, les femmes et les enfants doivent porter les cheveux longs et attachés. Dans la seconde moitié du XIXesiècle, ces pratiques rencontrent les normes occidentales de la chevelure. La transformation des coiffures suit les processus de rationalisation scientifique, économique et étatique inhérents à la modernité. En 1895, le gouvernement réformateur promulgue le décret sur la coupe des cheveux qui ordonne à tous les hommes coréens de couper leurs chignons. Ce décret rencontre une grande résistance et déclenche des conflits violents. Le discours réformateur défend la coupe courte en se basant sur l’hygiène, la modernité et le social-darwinisme tandis que les conservateurs défendent le chignon sur la base de la morale confucéenne. Au début du XXesiècle, les coiffures continuent de faire débat et des mesures de coupe des cheveux sont mises en place. Pendant la colonisation (1910-1945), les autorités japonaises imposent une discipline capillaire de plus en plus stricte, notamment dans le milieu scolaire. Les différentes coiffures des hommes, comme la coupe high collar ou les cheveux rasés, participent à former des identités masculines modernes. Chez les femmes, les cheveux courts qui sont à la mode dans les années 1920 et 1930 engendrent aussi des débats agités sur la conception de la féminité. Dans la Corée moderne, les coiffures sont la cible de l’exercice du pouvoir mais participent aussi à redéfinir les identités.
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Thibaut Diverchy. Prendre la modernité par les cheveux : les sens et les fonctions socio-politiques de la coiffure en Corée, de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle. Histoire. 2023. ⟨dumas-04388707⟩
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