Notre travail vise à comprendre et analyser la représentation du Grand Nord dans la bande dessinée franco-belge. Pour ce faire, nous avons en premier lieu défini un espace géographique délimitant ce que nous appellerons « Grand Nord ». En second lieu, nous avons défini un espace temporel commençant dans les années 1920 avec Zig et Puce d’Alain Saint-Ogan et se terminant en 2021 avec Ivalu de Morten Dürr et Lars Horneman. Notre questionnement s’inscrit dans un contexte historiographique mêlant histoire de la BD et histoire des représentations, mais aussi dans un courant universitaire de re-complexification du Nord. Nous avons constitué un corpus comprenant quatre-vingt-neuf bandes dessinées, dont 19 BD que nous définirons comme classiques et 70 BD comme modernes. Notre sujet sera traité selon trois axes consécutifs, les axes « milieu et dangerosité », « personnages et rôles » et « typologie des bandes dessinées ». Le premier axe a permis de définir une vision d’ensemble de la représentation environnementale du « Grand Nord », à travers ses lieux, ses traits, ses couleurs, sa dangerosité voire sa violence. Le second axe a permis de caractériser les personnages de nos récits, humains, animaux et êtres fantastiques, au travers de caractéristiques physiques et culturelles, mais aussi au regard de l’attribution des rôles de protagonistes et d’antagonistes. Enfin, le troisième axe permet de préciser les genres littéraires de notre corpus, illustre la place des adaptations et de la transmédiatisation, et présente les morales dominantes, en les adossant à une tentative d’interprétation de leur transmission vers le lectorat. Notre analyse a permis d’identifier certaines spécificités de représentation du « Grand Nord », propres aux BD classiques ou modernes, associées aux contextes de production des œuvres. Néanmoins, cette étude met en lumière un portrait-type du monde boréal, stéréotypé et commun à l’ensemble de la BD franco-belge durant un siècle, reflet de l’influence prépondérante de personnalités occidentales telles Jack London et Jean Malaurie sur l’imaginaire des sociétés francophones.