Caractérisation neuro-computationnelle des troubles de la motivation dans la dépression : vers une médecine personnalisée en psychiatrie
Résumé
La fréquence et la potentielle gravité font de la dépression un défi thérapeutique majeur. Il n’existe pas à l’heure actuelle d’outil permettant de guider le clinicien depuis les symptômes cliniques du patient vers la molécule la plus adaptée. Pourtant, certains symptômes, comme les troubles de la motivation, paraissent de bons candidats pour orienter la prescription. Toutefois, leur évaluation en pratique clinique repose principalement sur la notion d’anhédonie et donc à la dimension de plaisir alors qu’il existe un autre aspect souvent souligné par les patients, mais oublié par les échelles : la dimension d’effort. Nous avons développé une batterie de tests comportementaux permettant de décortiquer la motivation. Une approche appelée psychiatrie computationnelle, consiste à utiliser des modèles computationnels, c’est à dire des algorithmes mathématiques, pour identifier les processus cognitifs sous-tendant le comportement au cours de ces tâches. Cette approche peut être couplée aux outils des neurosciences, afin d’identifier les corrélats neurobiologiques des troubles de la motivation. Il existe des arguments permettant de supposer qu’il existe deux systèmes neuronaux et neurobiologiques distincts pour évaluer les dimensions de coût et de récompense. L’approche computationnelle permet de relier une vision neurobiologique avec les dimensions de bénéfices et de coûts et permettre d’adapter les stratégies médicamenteuses à partir du comportement du patient. Ce travail de thèse évoque la façon dont le concept de dépression s’est façonné jusqu’à nos jours et la place que prennent les troubles de la motivation au sein de cette entité. Puis s’attarde sur l’approche psycho expérimentale, le cadre de la théorie de la décision et l’approche computationnelle. Ensuite le développement des bases cérébrales et neurobiologiques du compromis coût/bénéfice ainsi que les principaux résultats en population clinique sont développés. Enfin, est présentée une étude clinique dont l’hypothèse principale est qu’il est possible de prédire la réponse thérapeutique lors de l’utilisation d’une stratégie thérapeutique par rapport à une autre en fonction des troubles motivationnels initiaux. La dernière partie aborde l’intérêt et les limites de cette approche en pratique courante et dans la recherche.
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