Ce mémoire a pour ambition de reconstituer l’histoire de la presse lesbienne écrite en France au regard de ses rôles politiques et communautaires et d’en étudier les reconfigurations contemporaines. En partant des contextes historiques d’émergence des presses féminines, féministes et gays et de cultures lesbienne, ainsi que d’une analyse des journaux lesbiens préexistants en Allemagne et aux États-Unis, ce travail de recherche examine son déploiement au sein des mouvements féministes puis gays et son processus d’autonomisation au travers du lesbianisme radical. Cette recherche tente de rendre compte de la diversité des périodiques lesbiens et de leurs trajectoires, en s’intéressant en particulier à Lesbia Magazine pour son ampleur et sa longévité. Elle examine les raisons derrière l’arrêt de son élan et expose les différents rôles joués par la presse lesbienne : rupture de l’invisibilité sociale et politique, valorisation du militantisme, territorialisation lesbienne, affirmation du désir lesbien et renforcement des liens sociaux. Ces fonctions sont nuancées par l’étude de la portée limitée de la presse lesbienne, au regard de facteurs externes, notamment économiques, et internes, par la reproduction de schémas d’exclusion intracommunautaires. Enfin, la presse lesbienne actuelle est analysée au regard des difficultés reconnues propres à son sous-secteur et face aux nouveaux enjeux contemporains de recomposition médiatique via la transition numérique, et politique via l’apport des théories queers. Ce mémoire soutient que si les obstacles rencontrés tout au long de son existence ne semblent pas surmontés, la presse lesbienne sait s’adapter et se maintient entre poursuite des modèles magazines des décennies 1980 à 2000 et retour aux pratiques artisanales qui ont caractérisé son émergence.