Nous avons examiné la relation entre l'anxiété et l'inhibition cognitive chez 46 participants réalisant une tâche de conflit. L'utilisation de la tâche de Simon interprétée dans le cadre théorique du modèle de "l'activation-suppression" nous a permis d'étudier séparément l'expression et l'inhibition des réponses impulsives, ce qui n’a jamais été fait précédemment. En plus des analyses corrélationnelles, nous avons comparé les performances entre les participants ayant un niveau d’anxiété trait faible ou fort. Les résultats principaux n'ont révélé aucune relation significative entre l'anxiété état et la performance, en revanche, une anxiété trait plus élevée était associée à une moindre précision, à une réduction de l’effet d'interférence et à des réponses impulsives plus fréquentes. La comparaison entre les deux groupes a montré que, bien que les participants ayant une forte anxiété trait soient plus enclins à produire des réponses impulsives, ils présentent également une meilleure inhibition de celles-ci, ce qui finalement leur permet un meilleur contrôle de l'interférence pendant la tâche de conflit. Nos résultats permettent ainsi de mieux comprendre pourquoi les individus anxieux peuvent parfois présenter à la fois, et de manière paradoxale, une inhibition excessive et une impulsivité importante. Etudier de manière dissociée les processus d'impulsivité et d'inhibition chez les personnes anxieuses serait donc à la fois innovant et pertinent pour améliorer notre compréhension de la psychopathologie de l'anxiété et optimiser les soins cliniques.