Sur près de six décennies, le cinéaste américain Todd Haynes tisse une œuvre singulière et éclectique, qui tend à l’hybridation et à la subversion des formes. Au contact de toute la diversité de son paysage filmique et des différents versants qu’il semble articuler, la définition de son empreinte d’auteur peut paraître, de prime abord, labile. Comment envisager ce qui fait le propre d’une œuvre aux multiples déclinaisons et aux identités plurielles ? Dans le sillage de l’essor récent que connaît le travail de Todd Haynes dans la littérature scientifique française, ce mémoire propose de cerner les enjeux de l’œuvre haynesienne, en la comprenant comme un ensemble organique dans son déploiement, ses excursions et la génération de ses motifs. En s’engageant dans un examen chronologique de la filmographie de Todd Haynes, il apparaîtra que celle-ci est traversée par un effort de reconstitutions protéiformes, tant biographiques, évènementielles, métaphoriques, génériques, formelles ou intratextuelles. C’est par cette propension au réinvestissement, à l’élaboration d’une grammaire toute personnelle de ce qui se rapprocherait d’une forme de reenactment cinématographique que se constitueraient le dénominateur commun à toute cette disparité et la singularité du cinéma de Todd Haynes.