Introduction : l’annonce de mauvais pronostic est considérée, pour beaucoup, comme un acte difficile. Bien que de nombreuses études se soient intéressées au vécu des médecins généralistes et autres spécialistes lors d’annonce de mauvaise nouvelle, peu d’études ont analysé le vécu des médecins urgentistes. Objectif : explorer le vécu et le ressenti des médecins urgentistes lors de l’annonce d’un mauvais pronostic en situation d’urgence. Méthode : il s’agit d’une étude qualitative inspirée de l’analyse phénoménologie interprétative. Des entretiens semi-dirigés ont été réalisés auprès de médecins urgentistes de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (hors docteur junior et hors bi-appartenant) dans les Services d’Accueil des Urgences et Service d’Aide Médicale d’Urgence entre Mars 2024 et Mai 2024. Résultats : l’annonce de mauvais pronostic représente un devoir et une épreuve, tant sur le plan émotionnel qu’organisationnel, pour les médecins interrogés. Elle génère chez eux un mélange d'émotions, allant de l’appréhension, à la tristesse, en passant par la culpabilité, la frustration ou encore la satisfaction en fonction des réactions auxquelles ils sont confrontés. L’expérience semble faciliter les annonces sur le plan technique mais la charge émotionnelle est, pour la majorité des participants, toujours aussi présente voir intensifiée avec les années. Conclusion : Une formation dédiée à la communication des mauvais pronostics et des séances de simulation, adaptées à la médecine d’urgence, pourraient diminuer le stress et la peur de mal faire, mais aussi permettre aux médecins de mieux gérer leurs émotions et celles des familles.