Introduction : après avoir observé en période hivernale, un certain nombre de consultations traitant de pathologies infectieuses, nous nous sommes questionnés sur la faisabilité d'une bonne prise en charge en téléconsultation de ces pathologies infectieuses. En effet, du fait de l'examen clinique limité, nous nous sommes demandé s'il n'y avait pas une prescription d'antibiotiques plus importante lors de ces téléconsultations. L'antibiorésistance étant un sujet d'actualité d'ampleur croissante, il nous est indispensable dans notre pratique de faire attention à la prescription d'antibiotiques. Nous avons demandé à des médecins généralistes de la région PACA de répondre à un questionnaire dans lequel nous comparions leur prise en charge en téléconsultation par rapport à des consultations standards au cabinet sur des sujets tels que l’odynophagie et l'otalgie, qui sont des motifs de consultation fréquents. Méthodes : il s’agit donc d’une étude de pratique quantitative avec une analyse descriptive des résultats du questionnaire dans un premier temps puis une analyse multivariée dans un second temps. Résultats : il y a eu finalement 57 réponses analysables avec des médecins correspondant aux critères d’inclusions. Nous avons donc analysé les réponses des médecins pour les consultations traitant d’odynophagie. Les résultats retenaient que 60% des médecins répondeurs disent prescrire en téléconsultation des antibiotiques sous réserve d’un TDR positif en pharmacie en cas d’odynophagie fébrile, alors que 15 % des participants choisissent de prescrire un traitement symptomatique simple et 10,5 % des participants disent prescrire de manière systématique des antibiotiques à tous. En comparant ces résultats avec les prescriptions d’antibiotiques au cabinet devant une angine avec TDR négatif on constate qu’il existe une différence significative en faveur d’une sur prescription d’antibiotiques en téléconsultation. Mais en pondérant nos propos avec l’hypothèse de TDR négatif a posteriori en pharmacie on ne retrouve pas de différence significative sur la délivrance d’antibiotiques. Ensuite en comparant la prescription en consultation avec une téléconsultation avec odynophagie sans fièvre nous ne retrouvons pas de différence significative sur la prescription d’antibiotiques. Dans un second temps nous avons analysé les réponses concernant la prise en charge d’otalgies. Si nous prenons le nombre de médecins total ayant prescrit des antibiotiques au cabinet devant une otite moyenne aiguë par rapport aux téléconsultations devant une otalgie fébrile on constate qu’il y a significativement moins de prescription d’antibiotiques en téléconsultation et une différence encore plus significative pour les téléconsultations avec otalgie non fébrile. On constatait enfin en questionnant leurs pratiques qu’ils n’utilisaient qu’en minorité les outils connectés lors des téléconsultations, limitant donc l’examen clinique. Conclusion : il ne semble donc pas y avoir de prescription plus importante d’antibiotiques en téléconsultation du fait, entre autres, de la possibilité d’accès aux outils diagnostiques avant la délivrance. On constate même une attitude pouvant être plus attentiste en accord avec les dernières recommandations qui préconisent de plus en plus un traitement symptomatique avant antibiothérapie. Il ne semble donc pas y avoir d’impact négatif de la téléconsultation contrairement aux idées reçues. Néanmoins l’examen clinique reste très limité expliquant le fait que les pathologies infectieuses ne soient pas les motifs les plus adaptés pour cette pratique aujourd’hui. Cependant, face aux déserts médicaux, l’amélioration technologique, les nouvelles missions confiées aux autres professionnels de santé et l’accroissement du nombre de cabines de téléconsultation permettront, à l’avenir, d’augmenter la qualité, le nombre et la diversité des pathologies prises en charge lors des téléconsultations.