La privation de sommeil et l'hypoxie ont des effets opposés sur l'appétit. Comme l'hypoxie peut altérer le sommeil, il peut être intéressant d'évaluer les effets cumulés de ces deux facteurs de stress sur le comportement alimentaire (faim subjective, apport énergétique (AE) et préférences alimentaires ou food reward). Dix-sept jeunes hommes actifs et en bonne santé ont réalisé quatre sessions de 5 heures en normoxie (NO) ou en hypoxie normobare (HY, FIO2 = 13,6%, ~3500 m d’altitude simulée), après une nuit de sommeil normale (SN, Temps de sommeil total (TST) > 6 h) ou une nuit de restriction de sommeil (RS, TST < 3 h). Les scores de faim ont été évalués régulièrement à l'aide d'échelles visuelles analogiques et l'apport énergétique (AE) au décours d'un déjeuner ad libitum après 3,5 heures d'exposition. Le food reward été évalué à l'aide du questionnaire de Leeds sur les préférences alimentaires juste avant le déjeuner. Comme prévu, l'AE était réduit dans les sessions HY-SN (4,32 ± 0,71 MJ ; p = 0,048) et HY-RS (4,16 ± 0,68 MJ, p = 0,013) en comparaison à la session NO-SN (4,90 ± 0,84 MJ) sans que ce ne soit associé à des symptômes gastro-intestinaux liés au mal des montagnes. Aucun effet de la restriction de sommeil seule n’a été observé (NO-RS : 4,40 ± 0,68 MJ). La faim n'a pas été modifiée non plus. Concernant le food reward, l’explicit liking pour les aliments riches en graisses a augmenté avec la RS (p = 0,002) et l'implicit wanting pour les aliments riches en graisses était plus élevée dans les sessions de NO-RS, d’HY-SN et d’HY-RS que dans la session de NO-RS (p < 0,006). Ainsi, la RS d’une seule nuit n’a pas modifié l’appétit ou l’AE, et ce malgré une augmentation du food reward pour les aliments riches en graisses. La RS aiguë n'a pas non plus modifié les changements alimentaires induits par l’hypoxie.