Dans un contexte sanitaire dégradé, M B, 85 ans, porteur d’une insuffisance rénale terminale, ne peut faire entendre son refus d’une mise sous dialyse auprès du néphrologue. En tant que généraliste qui n’a aucune compétence technique dans ce domaine, je me retrouve partagée entre une relation conflictuelle avec la spécialiste et la conviction que sa demande est fondée et se doit d’être entendue. Mes recherches m’ont confortées dans l’idée que l’expression légitime de l’autonomie du patient face à un traitement prime sur des considérations de confraternité. Dans le cadre légal d’un refus de traitement, le généraliste de par son positionnement holistique et empathique, a toute la légitimité pour accompagner un patient dans sa démarche et la recherche d’une prise de décision partagée. Éthiquement, cette situation se doit de déboucher sur un accompagnement palliatif précoce qui a fait ses preuves en terme de qualité de vie des patients. Les freins à ces prises en charge existent toujours en terme de moyens matériels et humains ou de diffusion de la culture palliative auprès des équipes concernées. Le médecin généraliste a toute sa place dans cette articulation, pour peu qu’il ait le temps et l’énergie de faire ce pas de côté.