Introduction : la problématique des déserts médicaux en France affecte l’égalité d’accès aux soins, avec un besoin urgent d’attirer les jeunes praticiens vers les zones rurales. Le choix d’installation est influencé par les stages effectués. Prolonger le DES de médecine générale à quatre ans permettrait de rendre disponible davantage d’internes de médecine générale (IMG) en zone rurale, mais leur logement pose un défi. La création d’hébergement territorial des étudiants en santé (HTES) est envisagée comme une solution possible. Notre étude porte sur les attentes des IMG concernant ces hébergements afin de garantir un accueil adapté et attractif lors de leur stage dans ces zones sous-denses. Matériel et méthode : il s’agit d’une étude qualitative basée sur des focus group. Nous avons interrogé au total 26 internes répartis sur 3 focus group dans 3 villes appartenant à la subdivision de Nouvelle-Aquitaine (Bordeaux, Mont-de-Marsan et Bayonne) entre février et avril 2024. Une retranscription des entretiens a été effectuée puis une analyse sous forme de codages via le logiciel NVivo. Une triangulation des données a été réalisée. Résultats : les internes manifestent un véritable intérêt pour la pratique rurale, attirés par la diversité des actes possibles, la polyvalence de l'exercice, l'autonomie et la proximité de la relation médecin-patient. Néanmoins, plusieurs craintes les retiennent : surcharge de travail, manque de ressources, complexité d'accès aux soins, qualité de vie moins attrayante. Leur principale inquiétude concerne l'isolement, tant sur le plan professionnel que social. Afin de lutter contre l’isolement professionnel, les internes souhaitent travailler en MSP, bénéficier d’un accès simplifié à un hôpital et aux spécialistes requis pour assurer une prise en charge globale de la population rurale. Étant donné l’importance des interactions sociales pour leur bien-être, ils recherchent des divertissements, un accès aux transports en commun et préfèrent un hébergement collectif. Les internes souhaitent résider dans un environnement convivial et chaleureux où ils se sentent véritablement chez eux, en disposant d’espaces adaptés à la vie en communauté mais également d’espaces privés. Un hébergement propre et fonctionnel est indispensable, avec un coût attractif proportionnel à la qualité offerte. La plupart d’entre eux mettent en avant la pertinence d’un HTES rural qui rendrait attrayants des stages jusqu'à alors négligés car jugés trop éloignés. Ils sont également enclins à suivre des formations complémentaires dispensées par des intervenants pluriprofessionnels au sein de l'HTES. L'engagement des élus locaux dans leur intégration sur le territoire, à travers diverses activités, est jugé primordial. Rencontrer les professionnels de santé du territoire et connaître l’offre de soins, seraient des facteurs favorisant une éventuelle installation des internes. L’HTES aurait un impact positif dans la promotion des zones rurales. Conclusion : les HTES pourraient répondre aux problématiques de logement et d’isolement professionnels auxquels sont confrontés les étudiants de santé au cours de leur formation, d’autant plus avec l’ajout de la 4ème année d’internat. Cette étude a identifié des critères clés pour accueillir les IMG, notamment la nécessité de structures avec des espaces communs et privés, ainsi que des services locaux pour revitaliser le territoire. La vie en communauté est cruciale pour éviter l'isolement, principale réticence des IMG. En aidant les internes à découvrir le territoire et l’offre de soins, ces hébergements pourraient potentiellement favoriser leur installation future en milieu rural. Les résultats de cette étude serviront de base pour la création des HTES. Une étude ultérieure pourrait évaluer l’impact de la mise en place de ces HTES.