Avec l’émergence ou réémergence et la propagation de nouvelles maladies et zoonoses, vouées à être de plus en plus fréquentes, la médecine préventive et plus particulièrement la vaccination, vivement critiquée et remise en cause ces dernières décennies, retrouve progressivement sa notoriété. Les débuts de la vaccination trouvent leur origine avec la découverte par Edward Jenner d’un vaccin vivant atténué naturellement contre la variole en 1796. C’est presque un siècle plus tard que Louis Pasteur et son équipe mirent au point un vaccin vivant atténué artificiellement contre le choléra de la poule. Ces avancées révolutionnaires comportaient cependant quelques soucis quant à leur innocuité et leur stabilité parfois aléatoires. Il faudra attendre le début du 20e siècle et les travaux de Gaston Ramon pour voir apparaître des vaccins utilisant les anatoxines (toxines rendues inoffensives par l’action combinée du formol et de la chaleur). Des découvertes préalables par Ramon telles que la réaction de floculation, ou ultérieures comme les substances adjuvantes de l’immunité ou les vaccins associés, représentent un tournant dans l’histoire de l’immunologie dont les échos sont toujours perceptibles de nos jours. Au travers de cette présentation, nous pourrons découvrir l’histoire de Gaston Ramon, un vétérinaire avant tout, qui aura marqué son temps par son génie, son goût du travail et de l’expérimentation, ainsi que son caractère à la fois strict et avenant. Sa personnalité nous sera également révélée par un ensemble de lettres extraites d’une correspondance de plusieurs décennies entre Gaston Ramon et Domenico d’Antona, un confrère et ami italien. Cette correspondance sera à l’origine d’une collaboration, d’une transmission d’un savoir d’un « Maître » (tel que d’Antona aimait désigner Ramon) à son élève et d’une amitié impérissable.